Faire de la place
Le constat est inévitable. Qu’on le souhaite ou non, nous devons absolument modifier nos habitudes de déplacement. L’urgence climatique et l’inefficacité du modèle actuel de mobilité genevois ne nous laissent en effet pas le choix. Pollution atmosphérique et sonore, bouchons, bus et trams bloqués dans le trafic, manque criant de pistes cyclables sécurisées et de parcours piétons satisfaisants: les tares sont nombreuses. Alors même que la métropole du bout du lac est appelée à encore se développer ces prochaines années.
Il faut donc agir. Modifier la voirie. En créant de nouvelles infrastructures pour les transports en commun et la mobilité douce. Mais ça coince trop souvent. Et pas seulement à cause des incessantes geignardises des tenants du «tout-bagnole». Des dispositions légales passéistes bloquent de nombreux projets. Une en particulier nous intéresse aujourd’hui. Celle qui instaure que toute case supprimée dans l’espace public doit être compensée dans un rayon proche. Des places de parc en surface sont ainsi quasiment sanctifiées. Même lorsqu’elles bloquent la construction de tout un tronçon en voie propre pour des transports publics, qui fluidifieraient pourtant l’ensemble du trafic. Et ce, alors que des nombreux emplacements de stationnement restent libres dans des parkings souterrains à proximité. Des constructions qui ont coûté des fortunes et sont sous-utilisées.
C’est donc en toute logique que le gouvernement a élaboré un projet de loi pour assouplir – un petit peu – cette règle de compensation lorsqu’il s’agit de créer de nouvelles infrastructures visant à améliorer ou à sécuriser la mobilité. Une modification légale si évidente qu’elle a facilement trouvé le soutien d’un large front au parlement, allant d’Ensemble à gauche jusqu’au Parti libéral-radical. Mais les automobilistes «casque à boulons», comme les a qualifiés le PLR Alexandre de Senarclens, ont déposé un référendum. D’où le fait qu’on vote sur le sujet dimanche 27 septembre.
On le voit pendant la campagne: les défenseurs de l’automobile se refusent encore à renoncer au vieux phantasme de pouvoir aller partout et quand ils le veulent en voiture et la garer sur le seuil de leur destination. Il faudra pourtant qu’ils l’acceptent. A l’avenir, les centres urbains doivent être dévolus aux habitants, à la mobilité douce et aux transports publics. La circulation routière en centre-ville doit être réservée à celles et ceux qui n’ont d’autre choix. Pour construire cette cité de demain, il faut faire de la place, et rendre la surface aux humains.