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Silence, on noie!

Silence, on noie!
L’Ocean Viking assiste des personnes en danger, comblant les lacunes volontaires laissées par nos gouvernements. KEYSTONE
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En mer, on porte secours à toute embarcation ou personne en danger. Point. Il faut avoir les pieds bien au sec pour oublier ce point fondamental du droit maritime international: l’obligation pour les navires de prêter assistance à un bateau en détresse. Un impératif pourtant mis à mal par les Etats européens et leurs soutiens dans la chasse aux requérant-es d’asile, abandonnés à leur sort et à la mort par noyade.

L’Europe ne veut voir en la Méditerranée qu’un axe commercial de transport pour les marchandises ou, au choix, un vaste centre de loisirs pour soutenir l’économie touristique. La marchandise passe, l’opulence vacancière aussi. La misère, non. Et tant pis si sa source est pourtant à trouver dans des siècles d’exploitation du Sud par le Nord.

Le sort de l’Ocean Viking, navire de sauvetage affrété par l’association SOS Méditerranée, confirme que certaines vies ne valent pas la peine d’être secourues selon les pays occidentaux. Après avoir recueilli 180 personnes en mer, débarquées en Sicile, le voilà retenu par les autorités italiennes selon les mots de la directrice adjointe de l’association, Fabienne Lasalle. En une année, le bâtiment a subi quatre inspections – un nombre trop élevé pour être anodin.

SOS Méditerranée dénonce un harcèlement administratif incessant1> Pétition à signer: www.change.org/p/libérez-l-ocean-viking, qui touche tous les bateaux de secours. Il est reproché à l’Ocean Viking d’avoir trop de gilets de sauvetage et d’accueillir trop de personnes à son bord. L’Italie confond ici rescapés et passagers et prétexte la sécurité à bord pour mieux laisser couler de frêles esquifs au large de la Libye!

Tout cela pour empêcher des embarcations de 100 à 200 personnes d’arriver à l’«eldorado» européen qui leur promet travail forcé, exploitation humaine, détention dans des camps administratifs.

L’Ocean Viking n’est pas là pour le plaisir d’ennuyer la forteresse Europe. Il est là parce que nos gouvernements complices mettent en place des politiques migratoires meurtrières. Les Nations unies le dénoncent à travers le Haut Commissariat aux réfugiés et l’Organisation internationale pour les Migrations. Les ONG aussi, documentant chaque semaine, chaque mois, depuis des années, les naufrages faisant de la Méditerranée un cimetière.

L’Ocean Viking ne fait rien d’autre qu’assister des personnes en danger, comblant les lacunes volontaires laissées par nos gouvernements. Le libérer n’est qu’une première étape. Car tant que la politique économique prédatrice de nos Etats – la Suisse au premier plan – se combinera avec une gestion xénophobe du droit d’asile, ces morts se poursuivront.

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