Édito

Pandémie de mauvaise foi

Pandémie de mauvaise foi
Un effigie de la présidente Jeanine Añez brûle lors d'une manifestation à El Alto le 28 juillet. KEYSTONE
Bolivie

Elles auraient dû avoir lieu en janvier, puis le 3 mai, le 2 août, le 6 septembre. Le Tribunal électoral de Bolivie fixe désormais les élections au 18 octobre. Le gouvernement intérimaire, qui ne s’est jamais comporté comme tel, changeant les orientations fondamentales de la nation bien qu’il n’ait jamais été élu, semble décidé à s’accrocher au pouvoir. Du moins aussi longtemps que les sondages donneront le candidat du Mouvement vers le socialisme, Luis Arce, favori pour récupérer la présidence.

Le prétexte, bien entendu, est fourni par le satané virus. Qui n’empêche pas le pays de fonctionner, les travailleurs de travailler et les usurpateurs de gouverner et de réprimer, mais qui rendrait impossible la tenue d’un scrutin… Le Covid-19 n’a en tout cas pas freiné des milliers de Boliviens, qui ont protesté mardi contre cet énième report.

Nous étions parmi les premiers à dénoncer le coup d’Etat perpétré contre Evo Morales, le 10 novembre 2019, au prétexte d’une fraude électorale jamais prouvée. Le bidonnage du rapport des «observateurs» de l’Organisation des Etats américains (OEA) est aujourd’hui de notoriété publique. L’ancien président aurait bel et bien dû être réélu au premier tour le 20 octobre dernier.

Le patron de Tesla, qui lorgne les réserves boliviennes de lithium pour ses batteries, l’a lui-même admis samedi sur Twitter. Confronté par un internaute à la participation étasunienne dans la chute d’Evo Morales, Elon Musk, qui fut naguère conseiller économique de Donald Trump, s’est emporté: «Nous renverserons qui nous voulons! Faites-vous à l’idée.»

Certains Etats européens, à l’instar du nôtre, se sont si bien faits à l’idée qu’ils n’ont jamais élevé la voix contre ce gouvernement non élu solidement accroché à ses prébendes. Le Conseil fédéral réserve ses discours moraux et ses sanctions au Venezuela, qui comme la Bolivie d’Evo Morales, avait choisi de vendre chèrement ses ressources naturelles. Voire de les industrialiser, comme le fameux lithium d’Uyuni. L’un des premiers projets enterrés par le putsch.

Opinions Édito Benito Perez Bolivie Editorial

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