Édito

La bataille de la route

La bataille de la route
L'établissement de nouvelles pistes cyclables et l’élargissement d'autres pour sécuriser le déconfinement a provoqué l'ire des milieux probagnole. KEYSTONE
Mobilité

La réaction est épidermique et automatique. Grignotez quelques centimètres seulement de bitume à la voiture et des automobilistes furibards hurleront à la violation de leur liberté, au déni de leur droit fondamental d’aller partout et quand ils le veulent au volant de leur bagnole. On a encore l’occasion de le vérifier ces jours à Genève.

Après l’installation – provisoire pour l’heure – de nouvelles pistes cyclables et l’élargissement de certaines existantes pour sécuriser le déconfinement, les chantres du transport individuel motorisé donnent de la voix. Coups de gueules et pétitions se multiplient sur les réseaux sociaux contre les nouveaux aménagements, entre autres de la part d’élus PLR. Avec d’infâmes envolées populistes, où fleurissaient des termes comme «cycloterrorisme» ou encore «totalitarisme». Dimanche après-midi, une collecte de signatures moissonnait déjà plus de 2500 paraphes appelant le gouvernement au retrait complet de son plan visant à encourager des déplacements plus doux et respectant les distances de sécurité pour la reprise progressive de l’activité professionnelle et scolaire. «L’annulation totale!» Rien que ça…1>Les associations en faveur de la mobilité douce ont elles aussi lancé leur pétition, dimanche, qui recueillait près de 4000 paraphes au moment où nous mettions sous presse https://act.campax.org/p/bandescylables

C’est oublier un peu vite que ces installations, imposées certes – mais salutairement – à l’occasion de la crise sanitaire, ne sont qu’un début d’application de l’initiative cantonale 144 «pour la mobilité douce». Acceptée dans les urnes par les Genevois il y a neuf ans déjà, et largement restée lettre morte jusqu’ici.

On ne rappellera jamais assez les vertus de l’utilisation de la bicyclette comme mode de déplacement, surtout en ville. Ni la nécessité d’améliorer sa sécurité.

Bien sûr, certains ont absolument besoin leur voiture. Raison de plus pour que les autres automobilistes leur laissent la voie libre au lieu de les bloquer dans des bouchons qu’ils créent eux-mêmes. Cela, en empruntant plutôt les transports en commun – en temps normal – et en se déplaçant à pied ou à vélo, surtout en période extraordinaire. Une simple question de bon sens.

A l’heure où les militants probagnole veulent faire pression sur le Conseil d’Etat, les partisans d’une mobilité plus douce, plus active, moins invasive, moins bruyante et moins polluante doivent absolument se mobiliser et se faire entendre. Occuper l’espace public, soutenir l’amorce d’aménagements sécurisés demandés depuis des décennies 2>Une mobilisation de cyclistes – dans le respect des distances sanitaires et des gestes barrière – est notamment prévue ce lundi à 18h à l’intersection de l’avenue du Mail et de la rue de l’Ecole-de-Médecine.. Et en réclamer plus encore!

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