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Covid-19, une chance pour le climat?

«Cette pandémie doit nous pousser à changer de modèle», selon l’ancien conseiller d’Etat vaudois Philippe Biéler, qui compte sur des décisions politiques intégrant la lutte contre le changement climatique et la perte de la biodiversité.
L'après-coronavirus

Nous vivons des jours décisifs. Face aux conséquences dramatiques du Covid-19, prendrons-nous les bonnes options, solidaires et durables? Il y a, dans ce bouleversement, de bonnes nouvelles:

• On le voit, les régimes démocratiques peuvent agir de manière très résolue lorsqu’un état d’urgence est reconnu. Il faudra qu’il en aille de même vis-à-vis du climat;

• En cas de crise majeure, de magnifiques solidarités (y compris financières) se mettent en place, à tous les niveaux. L’urgence environnementale en exigera également;

• En comparaison, les efforts qui nous seront demandés pour le bien de la planète (climat, biodiversité) seront moins grands que ceux d’aujourd’hui (confinement, etc.)!

Une crise ne prend pas de pause lorsqu’en survient une autre. Dans nos réponses aux effets du coronavirus, nous devons absolument intégrer la lutte contre le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité (aussi invisibles et inimaginables aux yeux de beaucoup que le Covid-19 l’était il y a encore quelques semaines!). Si nous les négligeons, on le sait, une partie importante de l’humanité pourrait être purement et simplement décimée d’ici la fin de ce siècle! Rien à voir avec les dizaines de milliers de morts – et je ne minimise pas les drames actuels – dus au coronavirus…

Certains se réjouissent que le Covid-19 contribue à la diminution de la pollution. C’est peut-être vrai dans l’immédiat, mais en l’absence de décisions structurelles, de réorientation de nos sociétés et de nos modèles économiques, cela risque fort de n’être que temporaire. Les décisions prises prochainement seront d’une importance cruciale du point de vue de la transition vers une société respectueuse du climat et de la biodiversité.

Le risque est grand que les collectivités financent les mesures de relance sans tenir compte des objectifs environnementaux. Le soutien apporté aux entreprises du pays par les pouvoirs publics doit être conditionné à l’émergence d’une économie bas-carbone, plus robuste face aux crises à venir. Ainsi par exemple, les compagnies aériennes, sévèrement affectées par la pandémie, réclament l’aide des pouvoirs publics. C’est l’occasion pour l’Etat de soumettre son soutien à des conditions drastiques, qui dissuadent efficacement notre hyper-mobilité aérienne et réduisent nos émissions de CO2.

Cette pandémie doit nous pousser à changer de modèle, à repartir sur des bases différentes, solidaires, décentralisées, avec le respect de la planète en ligne de mire plutôt que la recherche du profit à n’importe quel prix.

La crise, si dure soit-elle, peut aussi être une chance.

Notre invité est ancien conseiller d’Etat vaudois (Verts), Maracon (VD).

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