Court-termisme
Le Conseil fédéral a lancé mercredi un processus devant conduire à un soutien des compagnies aériennes opérant sur sol suisse. A savoir Swiss (en main de Lufthansa), EasyJet suisse et Edelweiss. Sans oublier les trois aéroports de Genève, Zurich et Bâle.
L’aide est certes conditionnée: elle est remboursable (et ce, avant le versement d’éventuels dividendes aux actionnaires), les liaisons aériennes doivent être maintenues et un loyer sera perçu sur cet argent. Reste que la demande formulée la veille par 46 organisations écologistes ou partis verts et de gauche a été superbement ignorée. A savoir: qu’un tel soutien public soit lié à des objectifs de durabilité.
Il faudrait se saisir de l’occasion pour remettre l’agenda climatique sur le haut de la pile des priorités. Surtout lorsqu’on sait que le transport aérien est responsable de 20% de la facture climatique suisse. Il est temps de mettre fin à certains privilèges: ce secteur ne paie pas de TVA et il est exonéré de l’impôt sur le kérosène pour les vols internationaux.
Cette vision à long terme est manifestement absente des réflexions du Conseil fédéral, dont le seul objectif est de relancer la machine économique à tout prix. Mais les faits sont têtus et les enjeux éludés aujourd’hui devront trouver une réponse plus rapidement que certains l’imaginent.
La crise mise en évidence par le Covid-19 est aussi celle d’une mondialisation effrénée, qui voit d’incroyables pénuries sur des biens de première nécessité pour cause de délocalisations et d’hyper concentrations de l’outil de production. Or, le fret aérien représente un tiers des exportations suisses. Donc pas touche, et continuons comme avant. A l’arrivée, cette approche à court terme se paiera cash.
La panique est mauvaise conseillère, elle bloque la réflexion alors que d’autres sauront, eux, calculer à plus longue échéance. Les futurs bénéficiaires de la manne publique sont d’ores et déjà en train d’optimiser leur appareil industriel: Lufthansa annonce la fermeture de la compagnie Germanwings et sa volonté de se séparer de quarante appareils. Les exigences du Conseil fédéral ne doivent lui faire ni chaud ni froid. Elle les paiera, certes, mais surtout de bonnes paroles.