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Vers un nouveau match nul?

AU PIED DU MUR

Le 2 mars, on votera en Israël, pour la troisième fois en moins d’un an. Tous les sondages indiquent que le match nul entre l’extrême droite menée par Benyamin Netanyahou et la liste de centre-droit d’un quarteron de généraux se répétera. Encore un coup pour rien. Surtout pour le premier ministre sortant, qui provoque ces élections successives pour obtenir l’immunité parlementaire dans ses affaires de corruption et de trafic d’influence.

Pour atteindre la majorité, le bloc de droite a besoin du soutien des élus d’Israel Beytenou («Israël notre maison»), mais son chef Avigdor Lieberman, représentant pourtant l’extrême extrême droite, déteste Netanyahou, dont il fut le chef de cabinet. Les généraux de Bleu et Blanc, eux, devraient logiquement s’appuyer sur la Liste (arabe) unifiée, mais ils jurent qu’ils n’accepteront jamais une telle coalition – montrant ainsi que sur le plan du racisme, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

Ni les questions sociales (crise de l’enseignement public, effondrement du système de santé) ni la question de l’occupation coloniale ne sont au cœur du débat électoral. Le pouvoir absolu et corrompu jusqu’à la moelle de Netanyahou et de sa famille monopolise la campagne. Ce qui peut faire la différence, c’est la crainte que ressentent une partie des vétérans du Likoud envers le discours de haine et de division que propagent le premier ministre et ses inconditionnels, ainsi que ses effets sur la cohérence interne de la société israélienne.

Pour faire oublier sa mise en examen et son prochain procès, Benyamin Netanyahou joue sur son image de marque internationale, multipliant ses visites à des dirigeants aussi peu recommandables que Viktor Orbán ou Jair Bolsonaro. Sans oublier les coups de pouce de l’hôte de la Maison Blanche et des évangélistes étasuniens.

La bonne nouvelle de ce troisième round provient à nouveau de l’électorat arabe. Si le taux de participation ne retombe pas au dessous de 50%, ce qu’affirment les sondages, la Liste (arabe) unifiée peut passer de 13 à 15 députés (sur 120). Si tel est le cas, ce sera la meilleure réponse aux litanies haineuses de Netanyahou contre 20% des citoyens israéliens, mais aussi aux déclarations racistes de Benny Gantz [leader de la coalition Bleu et Blanc] et de son entourage qui pensent, bêtement, que jouer la partition de Netayahou leur sera électoralement rentable. On le sait pourtant, l’électorat préfère toujours l’original à la copie.

Notre chroniqueur est militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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