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Le coronavirus, détonateur pour une relocalisation des industries?

EST-CE BIEN RAISONNABLE?

Et si le coronavirus permettait de faire bouger les lignes du commerce international, de freiner sa déraison, limiter notre dépendance à l’égard de la Chine, favoriser une relocalisation des industries?
C’est qu’actuellement la prolifération du virus qui fait trembler d’effroi la planète a pour conséquence le ralentissement voire l’arrêt des activités d’un nombre croissant de compagnies – illustrant ainsi, s’il en était besoin, l’extrême dépendance à la Chine de l’industrie mondialisée.

Rêvons un peu… Et si cette nouvelle épidémie permettait aux grands groupes industriels occidentaux de réaliser à quel point il est délirant de faire fabriquer l’ensemble de nos produits de consommation en Chine? Une économie mondialisée qui nous rend désormais totalement dépendants de l’Empire du Milieu, et à la merci d’un virus, ou encore d’une fermeture de frontière, d’une mesure de rétorsion politique, d’un conflit économique?

Imaginons que l’épidémie se prolonge: nous aurons l’air malin à déambuler dans nos centres commerciaux à moitié vides, complètement déboussolés, errant entre des étals dégarnis. Et inutile d’imaginer que si l’usine du monde est à l’arrêt, nos propres usines se remettront à fonctionner comme avant: désaffectées, elles ne servent plus à rien, tandis que nous avons bradé notre savoir-faire, incapables que nous sommes désormais de produire le moindre jouet.
J’en veux beaucoup aux économistes et autres managers inspirés, architectes d’une économie mondialisée, qui ont réduit en esclavage une partie de la population mondiale, tandis qu’en Europe des travailleurs, autrefois prospères, fiers de leur savoir-faire, sont aujourd’hui en voie de clochardisation – et contraints d’acheter des objets produits pour des salaires de misère sous les tropiques.

Pourtant, le commerce globalisé tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas une fatalité, et n’a pas toujours été ainsi. Des voix, encore timides, se font entendre lors des débats sur le climat et le réchauffement climatique pour demander un retour à une production de proximité. Le coronavirus pourrait-il agir comme un détonateur pour entreprendre une relocalisation des industries, et contribuer ainsi à sauvetage de la planète?
C’est que les centaines de milliers de porte-containers qui sillonnent les mers et les océans du monde pour acheminer aux quatre coins de la planète la marchandise produite en Asie polluent énormément. Avec la multiplication des circuits, le secteur du transport maritime est devenu l’un des plus grands contributeurs au réchauffement climatique.

Le lobby de l’industrie maritime, extrêmement puissant, rend difficile l’accès à des chiffres précis – ou quand il y en a, largement sous-évalués – concernant les nuisances insensées causées à la planète par la prolifération de géants des mers. Le transport maritime produirait ainsi un volume d’émissions d’oxyde de souffre et d’oxyde d’azote très important, qui dépasserait l’ensemble des émissions terrestres. On estime par ailleurs à 50% des particules fines dans certaines zones côtières la part du transport maritime. Entre autres nuisances.

Une relocation de l’économie favorisant les circuits courts permettrait en tout cas de réduire les émissions de CO2 générées par les transports, de diminuer l’effet des gaz à effet de serre, tout en recréant des emplois dans des zones dévastées par des délocalisations à répétition.
* Journaliste.

Opinions Chroniques Catherine Morand

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lundi 8 janvier 2018

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