On nous écrit

Mauvaises surprises

Nous publions ici une lettre qui a été adressée au sujet d’articles concernant le parti genevois Solidarités.
Réactions

Il y a des jours où la lecture du Courrier vous réserve des surprises: des mauvaises surprises.

Des jours où, après avoir lu un article de trois quarts de pages sur cinq colonnes vous vous demandez si vous avez bien lu et bien compris, si vous êtes bien en train de lire votre quotidien préféré, si le facteur ne s’est par malheur pas trompé en glissant dans votre boîte aux lettres le dernier exemplaire de Paris-Match. Vous revenez donc à la page de titre et là, ouf, vous réalisez qu’il s’agit bien du journal auquel vous êtes abonné et qui a l’ambition de vous raconter «l’essentiel, autrement». Et là, alors, vous ne comprenez vraiment plus.

L’article «Hautes tensions à Solidarités (sic)» n’est pas un bon article. Son auteur nous informe et nous raconte en long et en large des dysfonctionnements entre individus et groupes d’individus au sein d’un mouvement politique de gauche. Nous savons ainsi presque tout de ceux qui ne se sentent pas entendus et de ceux qui parlent trop, de documents qui disent que les plus actifs sont actifs, que le débat sur les priorités et les stratégies est toujours vivace, qu’il y a des lettres d’un groupe et d’autres lettres d’un autre groupe, que les ouvertures de certains paraissent trop fermées à d’autres… On aurait presque envie de dire qu’il se passe quelque chose de vivant!

Mais à la lecture de cet article, quelques questions sérieuses et préoccupantes deviennent inévitables: où se situe le caractère «essentiel» de ces informations? En quoi nous sont-elles présentées «autrement»? Quelle est l’éthique journalistique sous-jacente qui justifie l’ampleur donnée à ces difficultés banales et rigoureusement internes (et si fréquentes dans tout système organisé, grand ou petit)? En considérant la disqualification des personnes concernées et le dénigrement de Solidarités dans son ensemble qu’un article pareil met en avant, justement parce qu’il occulte l’essentiel des idées pour se focaliser sur l’accessoire et l’anecdotique, la question incontournable à poser à un journal qui se veut proche de la gauche est la suivante: à qui profite l’article?

Revenons à la stupéfaction initiale. Que reste-t-il à faire quand vous êtes à deux doigts de résilier votre abonnement? Prendre une bonne respiration, détourner le regard d’une triste page du journal et… passer à la suivante. Là, vous découvrez avec soulagement une belle photo d’un député de Solidarités activement engagé dans la rue pour la défense des services publics et de ses travailleurs. Tiens: l’essentiel, finalement!

Mais, quand-même, en y réfléchissant bien … à quand un feuilleton sur les histoires internes du Courrier? Allez, courage, en signe de réconciliation je vous offre le titre: «Les intrigues de la rue de la Truite». Cela ne serait pas si mal, n’est-ce pas?

Chiara Curonici,
Genève

Réponse

Plusieurs réactions sont parvenues à la rédaction à la suite de notre article du 13 décembre sur les remous internes à Solidarités-Genève et à celui du 15 janvier relatant la contestation de la candidature de Pierre Bayenet en Ville. Ces critiques font suite à d’autres qui déjà par le passé estimaient que Le Courrier accorde trop de place aux difficultés de ce mouvement politique et/ou à ses détracteurs.

Il convient de rappeler que la crise traversée depuis quelques années par Solidarités est loin d’être anodine. Son secrétariat a été miné par un grave conflit ayant abouti aux Prud’hommes; le groupe municipal d’Ensemble à gauche/Solidarités a été décimé: quatre élus sur six ont quitté le parti. D’anciens membres qui, pour certains, tentent aujourd’hui de s’opposer à la candidature de Pierre Bayenet à l’exécutif de la Ville…

On le voit, les problèmes internes de Solidarités ont eu un impact sur son travail politique. Parler des dysfonctionnements d’un parti qui brigue des responsabilités au niveau fédéral, cantonal et municipal s’inscrit clairement dans une mission d’information d’intérêt public et relève de la nécessaire transparence de la vie politique. Ils intéresseront d’autant plus les lecteurs que les questions soulevées (place des femmes, droit du travail…) sont au cœur des valeurs défendues tant par notre journal que par ce mouvement.

La corédaction en chef

Opinions On nous écrit Votre lettre Réactions

Autour de l'article

Connexion