Genève

Petit déclassement, gros enjeux

Petit déclassement, gros enjeux
Projeté près de l'aéroport, le nouveau quartier soulève aussi la question de la qualité de vie. JPDS
Aménagement

L’enjeu est très local – faut-il déclasser à Genève, à proximité de l’aéroport, un périmètre actuellement en zone villas pour en faire une zone de développement dévolue aux immeubles et aux activités? – mais il s’inscrit dans une problématique plus globale. Celle d’une certaine vision de l’aménagement du territoire par trop laissé au libre marché, à la spéculation immobilière et, partant, s’inscrivant dans la fuite en avant d’une croissance infinie. Ceci alors que des dizaines de milliers de jeunes plaident pour l’urgence climatique et la durabilité.

En termes d’aménagement, il semble logique de planifier un bâti plus dense dans ce secteur. Genève a un urgent besoin de logements, ne serait-ce que pour éviter l’exportation de ses résidents en France voisine et le mitage du territoire qui en résulte. Et le périmètre est idéalement situé, le long de la colonne vertébrale est-ouest, en matière de transports en commun.

En revanche, du point de vue de la qualité de vie, des réserves sont de mise. La question que chacun peut se poser est simple: aurais-je envie d’habiter à quelques encablures du tarmac de l’aéroport, de ses nuisances sonores et de la pollution atmosphérique générée à la fois par l’autoroute et le trafic aérien?

Reste ouverte la question d’un aménagement répondant à des critères de durabilité dignes de ce nom. Les Genevois-e-s ont récemment signifié un certain ras-le-bol face à un développement effréné, un bétonnage jugé envahissant et une gestion de son patrimoine boisé laissé à la merci des tronçonneuses. Les récents votes sur Pré-du-Stand et le Petit-Saconnex sont là pour en témoigner.

La tentation de glisser un non dans l’urne est donc forte pour ces milieux. Un vote protestataire en quelque sorte, qui viendrait s’agréger à un vote conservateur, voire intéressé: les libéraux refusent le projet… jugeant qu’une part insuffisante du déclassement est attribuée à la propriété par étage. Avec un paradoxe: un refus aboutirait à une sanctuarisation de la zone villas. Qui osera encore déclasser un mètre carré de gazon après un nouveau désaveu?

Ce serait regrettable, car c’est bien là que se situent les réserves de zones à bâtir. La question du devenir de Genève devra être résolue dans un cadre autrement plus global et plus raisonné que les récentes campagnes – très émotives – qui ont été menées pour sauver un patrimoine boisé ou historique. Un enjeu aussi pour les partis qui suivent un peu l’air du temps sur ces questions, craignant de se couper d’un électorat potentiel.

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