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Le fond de l’air est chaud

Le fond de l’air est chaud
Les "Jeunes pour le climat" manifestent à Lausanne, le 18 janvier 2019. KEYSTONE
Climat

Grève du climat, an I. Début 2019, avec des moyens dérisoires – quelques groupes Whatsapp et des tonnes de bonne volonté –, des collégiens relayaient en Suisse une action incarnée par la Suédoise Greta Thunberg. Un mouvement qui a ensuite rythmé toute l’année et même pesé sur les élections nationales.

Ce vendredi, une manifestation nationale à Lausanne1>Les présences de la suédoise Greta Thunberg et de l’activiste kenyane Njoki Njoroge Njehû sont annoncées. Départ à 10h30 depuis la Place de la Gare jusqu’à la Place de la Riponne.1 sera l’occasion d’un premier bilan. Des dizaines de milliers de jeunes – et moins jeunes – se sont politisés durant ces moments d’action collective, dans les établissements scolaires, dans la rue ou lors de happenings.

Des actions plus ponctuelles ont en effet eu lieu, avec notamment l’occupation d’établissements bancaires investissant massivement dans des industries pétrolières qui contribuent fortement à cette crise climatique. Des liens plus étroits ont ainsi pu être tissés avec des populations directement touchées par cette froide logique économique. Le Dakota Access Pipeline est une aberration écologique; il viole aussi les droits des peuples premiers.

Au-delà de cette stratégie de conscientisation et de dévoilement, des avancées très concrètes ont eu lieu. La récente décision de la justice vaudoise de reconnaître l’état de nécessité en acquittant les occupants d’un hall de Credit Suisse – certes attaquée par voie de recours par le Ministère public – marque un tournant. La presse internationale ne s’y est pas trompée.

Et surtout, les autorités ne peuvent plus se cacher derrière leur petit doigt ou servir au bon peuple un discours mélangeant langue de bois et rhétorique trompeuse.

L’urgence est là, elle est admise. Le débat ne peut plus être éludé. Les réactions un brin énervées d’une partie des représentants du bloc bourgeois montrent en revanche que bien des inerties devront être surmontées. Voir le vice-président du Parti libéral-radical suisse Philippe Nantermod verser des larmes de crocodile au téléjournal sur une violation du droit à la propriété est aussi une manière de placer celle-ci au-dessus du droit à une existence digne, sans même parler de survie de l’espèce humaine. De manière larvée, cette position est discrètement climato-sceptique.

Le combat ne fait donc que commencer. C’est à une lutte de longue haleine qu’il faut s’attendre si l’on veut imposer des rapports de production nouveaux, respectueux de la planète et de la personne humaine. C’est en commun que cela se fera. Quoi de mieux qu’une manifestation festive et jeune pour s’y préparer?

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