Ouvrons les fenêtres
La solidarité n’est pas un crime. Quelque 30’000 signatures ont été déposées mercredi pour que les amendes frappant des personnes venant en aide aux migrants cessent. L’an passé 972 personnes se sont retrouvées devant la justice… pour avoir fait preuve de générosité!
La logique voudrait que soient condamnés des malhonnêtes qui exploitent la misère du monde: les passeurs, les usuriers, les marchands de sommeil. Mais, aujourd’hui, sous-louer à prix coûtant une chambre à une personne en détresse, aider un proche ou une personne frappée de non entrée en matière vous exposent à subir le marteau de la loi.
Notre monde crève de son manque d’humanité; mais il semble plus urgent à certains de combattre celles et ceux qui ne se résignent pas à vivre dans un monde sans cœur… Il est indispensable de biffer de la loi sur les étrangers et l’intégration ces dispositions liberticides.
D’autant plus que, juridiquement, on ne comprend pas très bien à quoi correspond cette volonté de criminaliser des personnes qui n’ont rien fait de mal, à part écouter leur conscience. Ou plutôt, si on suit la logique profonde de cette législation, il semble urgent à d’aucuns de protéger la société contre l’aide désintéressée. Dans un monde fondé seulement sur le fric et le pouvoir, une démarche altruiste est en effet hautement suspecte et dangereuse pour l’ordre établi.
Une initiative parlementaire demandant qu’il soit mis fin à ce dispositif légal va être débattue au printemps. Une nouvelle majorité est sortie des urnes cet automne. Il suffirait qu’une douzaine de députés de droite se rallient à ce texte pour faire bouger les lignes de crête. Ce serait là une belle occasion de montrer qu’un climat nouveau s’est effectivement installé au Palais fédéral.