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Echo, réverbérations et ramdam

Patrick Canellini analyse la nature et les conséquences des bruits engendrés par les avions à Genève.
Nuisances

En ces temps où l’aéroport occupe les devants de la scène, entre développement effréné, enjeux climatiques et contrôle démocratique, il est un sujet que personne n’aborde vraiment, celui des pics sonores et de leurs corollaires les réverbérations qui, par effets écho, augmentent le bruit et sa dangerosité pour les humains qui y sont soumis.

Le bruit tue. Il est la cause de nombreuses maladies. Du reste, le canton de Genève semble s’en préoccuper en limitant la vitesse des véhicules, en installant du goudron phono-absorbant, en utilisant des «radars-bruit». Les pétarades des motos et des automobiles dérangent. A Genève, le bruit routier est la cause numéro un des nuisances sonores, affirme le Sabra (Service de l’air, du bruit et des rayonnements non ­ionisants).

Mais alors qu’en est-il des avions? Qui se préoccupe du bruit produit par un avion au décollage, réacteurs plein pot? Utilise-t-on un radar-bruit pour mesurer les décibels émis et les réverbérations occasionnées?

Que nenni!

Pas nécessaire. Un, les avions sont de plus en plus silencieux, mieux remplis, les statistiques le prouvent. Plus de vols, mais moins de nuisances pour ces nouveaux vélos du ciel.

Deux, le bruit des aéroplanes ne se mesure pas, il se calcule. Les pics sont noyés dans une moyenne journalière tout à fait supportable mathématiquement et les courbes PSIA (plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique) sont le fruit de savants calculs pas très réalistes.

En fait, plus qu’un bruit de fond, ce sont les pics qui dérangent et réveillent, tous les riverains vous le diront. Dans un aéroport urbain, la densification de la zone aéroportuaire accentue l’effet de ces pics par réverbération sur les façades des immeubles.

Comme un écho, l’onde sonore se répercute d’une façade à l’autre augmentant de manière exponentielle les nuisances sonores. Mais ici pas de calcul, il n’y a pas de logiciels capables de le faire, avoue la Confédération. On effectue des mesurages au moins? Surtout pas.

C’est vrai, une gestion contrôlée et responsable de l’aéroport est nécessaire pour le bien-être des riverains, mais, pour protéger leur santé et éviter une catastrophe sanitaire, il est indispensable d’éviter de densifier à outrance ses alentours en les préservant pour diminuer les effets nocifs et mortels des réverbérations sonores.

Patrick Canellini,
président de l’association A3S (Association du Secteur Sous-Sarasin), Grand-Saconnex (GE)

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