Édito

Vote de repli

Vote de repli 2
Michael Lauber lors d'un point presse ce mercredi à Berne. KEYSTONE
Affaire Lauber 

Une élection qui laissera des traces. Le parlement helvétique a réélu mercredi Michael Lauber à son poste de procureur général de la Confédération. Mais le sortant a senti le vent du boulet: il a été reconduit à une très courte majorité de huit voix.

Explication de cette réélection chahutée: Michael Lauber a joué un rôle trouble dans le Fifagate. Des rencontres informelles (et contraires aux règles de procédure pénale) ont eu lieu avec Gianni Infantino, le nouveau patron de l’industrie footballistique. Elles ont été portées à la connaissance du public uniquement grâce aux Football leaks. Du contenu de ces réunions, on ne sait rien: les protagonistes disent ne pas s’en souvenir… Tout cela a un petit parfum d’omerta dans une industrie sportive gangrenée par la corruption. Et a valu à Michael Lauber une récusation par le Tribunal fédéral. Il ne peut plus s’occuper de ce dossier. Ce qu’il a combattu avec une arrogance certaine qui ne l’a sans doute pas aidé.

Officiellement, le chef du Ministère public fédéral disposait du soutien majoritaire de l’extrême droite, du Parti libéral-radical et du Parti socialiste. Mais le court écart ayant permis son élection montre surtout que la confiance devra être rebâtie. D’autant que c’est plus une peur du vide qui semble avoir présidé à ce soutien relatif. Tout cela donne à cette élection un petit air d’entre-soi de mauvais augure.

Ce scrutin pourrait peser dans des débats futurs. Notamment celui qui aura lieu sur l’initiative demandant un tirage au sort des juges fédéraux en lieu et place de leur élection par le parlement. Pour imparfait qu’il soit, ce texte met en évidence le problème posé par la politisation de la fonction de juge. La récente volonté de l’UDC de sanctionner un de ses magistrats fédéraux coupable d’avoir tranché en faveur de la transmission des données bancaires contre l’avis de son parti a rappelé aux Chambres le nécessaire principe de responsabilité en lieu et place des petits arrangements.

Or, le poste de procureur général de la Confédération obéit à la même logique. Si le parlement avait réellement voulu faire la preuve de sa maîtrise de ces procédures de nomination, il aurait sans doute dû faire place nette. Mercredi, il a préféré une attitude de repli un brin peureuse et qui pourrait se payer plus cher que prévu.

Opinions Édito Philippe Bach Affaire Lauber  Justice 

Autour de l'article

Le Parlement a réélu Michael Lauber

mercredi 25 septembre 2019 ATS
Malgré le préavis négatif de la Commission judiciaire, l’Assemblée fédérale a réélu mercredi le procureur général de la Confédération par 129 voix sur 243 bulletins valables.

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