Édito

Le silence distille son poison

Le silence distille son poison
Le conseiller d’Etat Serge dal Busco réserve ses explications à la justice, qui l'auditionne dans un mois. Un temps qui risque de sembler interminable. KEYSTONE
Conseil d’Etat

«Serge Dal Busco n’a pas prévu de déclarations complémentaires», nous a-t-il fait savoir jeudi. Après avoir, sous la pression, avoué un don de 10 000 francs de Manotel et expliqué avoir rendu la somme cinq mois plus tard sans y avoir touché, le conseiller d’Etat PDC s’est à nouveau muré dans le silence. Il réserve ses explications à la justice, dans un mois. Un temps qui risque de sembler interminable tant ce mutisme paraît intenable. Car sa déclaration, peu convaincante, suscite trop de questions pour permettre aux institutions de fonctionner sereinement, dans un canton brûlé à vif par l’affaire Maudet.

Pourquoi avoir accepté ce cadeau? Pourquoi sur son compte privé? Pourquoi l’avoir rendu si tard? Peut-on croire que l’argent n’ait pas été dépensé?

Pourquoi, encore, n’avoir pas reversé la somme à son parti? Cet Alleingang au moment où son colistier PDC Luc Barthassat était l’homme à abattre à droite n’est-il pas mesquin? La présidence du PDC, qui minimise l’affaire en pleine campagne pour les élections fédérales, a-t-elle conscience que la formation semble prendre le chemin abyssal emprunté auparavant par le PLR? Après la chute de sa locomotive Guillaume Barazzone en Ville de Genève, voilà que l’image d’intégrité de son conseiller d’Etat en prend un coup. C’est d’autant plus regrettable qu’après son médiocre passage aux Finances, voilà que Serge Dal Busco fait preuve de courage en tentant d’imposer à son camp une vision de la mobilité enfin tournée vers l’avenir.

Mais, encore ministre des Finances, il a joué avec le principe de transparence. Et alors que l’affaire Maudet a plombé la confiance au sein du gouvernement, il a tu sa convocation par la justice et ce don explosif. Enfin, il a accepté un cadeau en violant potentiellement le règlement de l’exécutif.

Bien entendu, l’affaire Maudet est d’une tout autre dimension, lui qui a voyagé aux frais d’une pétromonarchie autoritaire et qui a reçu dix fois plus d’argent de Manotel. Reste que ces 10 000 francs, donnés après le premier tour quand Serge Dal Busco était pourtant assuré d’être réélu, illustrent à quel point la générosité des milieux économiques à l’égard de la droite semble banale de ce côté de l’échiquier politique. En échange de quoi?

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