La présence bolivienne en Suisse se consolide
Leonardo de la Torre Avila, dans son livre No llores prenda, pronto volveré [Ne pleure pas ma douce, je reviendrai bientôt], publié en 2004, affirme que près du 20% des Boliviens vivent en dehors de la Bolivie. En Europe les pays accueillant le plus grand nombre de Boliviens sont, sans conteste, l’Espagne et l’Italie. Depuis les années 1990 cependant, la communauté bolivienne vivant en Suisse ne cesse de croître. Elle n’est pas loin de prendre la troisième place, en se faisant remarquer au passage par son dynamisme, en particulier dans le domaine culturel.
Ce phénomène, signalé déjà par les journalistes Edwin Perez en 2003 et Jorge Fernandez en 2016, va de pair avec la perception que la Suisse constitue, pour les ressortissants boliviens, une sorte de «terre promise» dans laquelle l’accès à certaines formes de prospérité constitue encore une perspective crédible.
Des données de l’Office fédéral de statistiques (2007) rendent compte de l’existence de 2111 Boliviens au bénéfice d’une autorisation de séjour. Un chiffre qui est, bien entendu, loin de refléter la réalité car il occulte le nombre encore important de Boliviens «sans statut légal», ainsi que la quantité non négligeable des Boliviens ayant déjà procédé à leur naturalisation (en 2018, 72 d’entre elles et eux ont obtenu la nationalité suisse).
A cela il faudrait encore rajouter les Boliviens double nationaux en provenance des pays européens frappés par la crise économique de 2008, tout comme l’important enregistrement d’enfants nés en Suisse, information confirmée par le Consulat bolivien (430 naissances depuis son ouverture en avril 2014). La communauté semble ainsi être en mesure aujourd’hui d’assurer sa croissance indépendamment de l’arrivée de nouveaux compatriotes depuis la Bolivie ou d’autres pays du monde.
Sur la base de ces éléments, les principales associations boliviennes actives en Suisse s’accordent pour estimer le nombre des leurs ressortissants à 10 000 personnes. Silvia Marino, présidente de l’association Bolivia-9, membre de différents collectifs militant en Suisse pour les droits des populations migrantes, commente: «Nous parlons là d’une communauté solidement établie dont le sentiment d’unité et la volonté de se rendre visible sont en train de devenir deux de ses principales caractéristiques.»
Très engagés dans les domaines culturel et social, les Boliviens de Suisse suivent aussi avec intérêt l’actualité politique de leur pays. Lors du référendum constitutionnel de février 2016, leur taux de participation a été de 44,9%, légèrement inférieur à celui enregistré en Italie et bien supérieur à celui réalisé par leurs compatriotes habitant en Espagne. Selon des sources extra officielles, leur participation au processus de recensement en vue des prochaines élections présidentielles boliviennes du 20 octobre 2019 a été également remarquable et confirmera certainement leur qualité de troisième masse électorale en Europe.
Cet intérêt pour la politique s’exprime aussi au niveau du pays d’accueil. Ainsi, sur le plan cantonal, une partie de la communauté bolivienne milite activement à Genève pour l’élargissement des droits politiques accordés aux étrangers.
En août prochain, la Bolivie fêtera ses 194 ans d’indépendance. L’occasion, pour différentes organisations de la communauté bolivienne, en coordination avec son Consulat et sa Mission permanente auprès de l’ONU, de mettre sur pied un programme de réjouissances qui s’étalera sur une semaine, dans un esprit d’unité et de respect mutuel.
L’auteur est animateur socioculturel à Genève.
Programme:
> A Genève: di. 4 août, dès 11h, messe en hommage à la Bolivie à la paroisse Saint-Martin d’Onex, et dès 15h, spectacle culturel au Jardin anglais (à côté de l’horloge fleurie); ma. 6 août, le matin, cérémonie officielle aux Nations unies et, dès 19h30, rencontre citoyenne à la Maison des associations, 15 rue des Savoises.
> A Zurich: sa. 10 août, dès 16h, fête communautaire (Bucheggstrasse 93)