Suisse

Pas de piqûre pour partir en vacances

La version pédiatrique du vaccin contre l’hépatite A fait défaut. Mais les médecins se veulent rassurants.
Pas de piqûre pour partir en vacances
Transmise par de l’eau ou des aliments contaminés, l’hépatite A peut s’attraper au détour d’un bistrot de rue, en Asie ou ailleurs. KEYSTONE/ARCHIVES
Voyages

Bête noire des vacanciers, l’hépatite A sévit avec virulence en Amérique latine, dans les Caraïbes, en Afrique, en Europe de l’Est et en Asie. «A la différence de l’hépatite B qui s’acquiert par voie sexuelle ou sanguine, l’hépatite A est transmise par de l’eau ou des aliments contaminés», avertit le docteur Nicolas Troillet, directeur de l’Institut central des hôpitaux valaisans (ICH). «La contraction de la maladie est plus difficile à prévenir par des modifications de comportement.»

Le risque réel de contracter cette maladie infectieuse du foie justifie pour le médecin valaisan la recommandation de vaccination émise par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) à l’attention des voyageurs. Problème: la version pédiatrique du vaccin contre l’hépatite A, le Havrix 720, a été déclarée en rupture de stock dans toute la Suisse le 5 juillet par l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE).

Une Fribourgeoise en a fait les frais: «Au moment de faire la deuxième piqûre pour notre fille comme l’exigeait la procédure, le pharmacien nous a dit que le vaccin était indisponible», regrette celle qui partira malgré tout avec sa famille en Thaïlande à la mi-juillet.

Des alternatives

Par chance, selon l’OFSP, la protection offerte par la première dose de Havrix 720 est de longue durée et suffira à traverser ce voyage en sécurité – l’administration de la seconde dose peut être repoussée jusqu’à cinq ans. «Dans notre cas, la doctoresse nous a assuré que ça ne posait pas de problème, mais pour les autres?» s’interroge cette mère de famille.

Dans le cas de l’hépatite A, le docteur Mark Witschi, chef de section à l’OFSP, ne s’inquiète pas outre mesure: «Les mineurs ont la possibilité de prendre une dose réduite de la version adulte ou de se tourner vers le Twinrix, qui protège également de l’hépatite B.»

«Le problème de base c’est ce monopole de la production dans les mains de quelques grands groupes.» Mark Witschi

Reste que lorsqu’elles concernent d’autres produits, les pénuries peuvent être dangereuses. «On ne craint plus des maladies comme la rougeole ou la diphtérie, mais à l’étranger des gens en meurent encore», rappelle le médecin.

Situation de monopole

Une réduction des stocks imposée par des normes de conservation contraignantes, une concentration de la production mondiale en Inde et en Chine sur une poignée de sites et des standards de qualité stricts peuvent être mis en cause lorsqu’un vaccin manque à l’appel. «Le problème de base, explique le docteur Witschi, c’est ce monopole de la production dans les mains de quelques grands groupes.» Un monopole qui se traduit par une souplesse réduite, où les erreurs de prévision de marché ont des conséquences visibles.

«Si trois usines assurent la production mondiale d’un vaccin et que l’une d’elles est mise à l’arrêt, les deux autres ne parviennent plus à assumer la demande car chaque fabricant produit ses vaccins en fonction de prévisions de ventes», explique le docteur Johnny Beney, pharmacien chef à l’ICH.

Encéphalite à tique

La pénurie récente du vaccin contre l’encéphalite à tique témoigne de la rigidité du marché. «Lorsque la Confédération a recommandé une vaccination sur la quasi-totalité du territoire, les fabricants se sont trouvés en rupture de stock», confie Johnny Beney.

Si ce vaccin a depuis fait son retour sur les rayons des pharmacies suisses, «la situation reste encore tendue», selon le spécialiste. Quant au Havrix 720, il restera indisponible jusqu’en septembre.

Faut-il craindre une rupture de stock pour les deux alternatives restantes? «C’est difficile à dire car ce n’est pas un vaccin qu’on administre de routine, estime Nicolas Troillet. Il s’adresse essentiellement aux voyageurs.» Ils sont invités à se renseigner auprès d’un médecin, d’un centre de vaccination ou d’un spécialiste en médecine des voyages. LA LIBERTÉ

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