Les femmes font plier la Migros
Badges pour les femmes, autoc’s pour les hommes, tracts pour tous. Le dispositif est simple, la petite équipe violette, réunie devant le M-Parc, déterminée. A la queue leu leu, le trio de militantes du Collectif Grève des femmes* pénètre vers 9 h 15 dans le centre commercial de la Migros à La Praille. «On sait que vous ne pouvez pas faire grève mais vous pouvez marquer votre soutien», s’adressent-elles aux travailleuses et aux travailleurs du M-Parc.
Surprise passée, l’accueil est plutôt bon. La plupart, hommes et femmes, saisissent le symbole violet, l’affichent fièrement ou le glissent discrètement dans la poche. «Donnez m’en d’autres, il y a les femmes derrière à la cuisine!», réclame une employée.
L’idée de l’action a germé il y a deux semaines, lorsqu’une vendeuse du centre se serait fait interdire le port d’un signe de soutien à la grève des femmes. «On n’a pas le droit», confirme une caissière à l’entrée du Brico-Loisirs. «Le gérant a d’autres choses à faire», tente de la rassurer une collègue, en agrafant son tout nouveau badge. Un vendeur plaisante: «J’ai mis le sticker sur mon nom, comme ça on ne me reconnaîtra pas.»
Grâce à l’action au M-Parc
Venue saluer les militantes, une cadre regrette de n’avoir pu s’absenter. «Mais j’essaierais d’être à la manif, je finis à 17 h.» L’accueil sera moins cordial à la pharmacie, dont la responsable ne veut résolument pas du trio agitateur.
A l’étage, le gérant de l’enseigne sportive finit par doucher l’ambiance: «On ne peut pas autoriser le port des badges sans l’accord de la direction de Migros Genève. Revenez dans quinze minutes.» A son retour, le trio ne trouvera aucun responsable. Mais une vendeuse parée de violet; le géant orange a cédé. Même si la surface voisine de Vibert ne semble pas encore au courant, constateront peu après les militantes.
«Un mail est parti vers midi autorisant le port de signes de soutien à la grève pour l’ensemble de la coopérative genevoise», nous confirme le porte-parole Tristan Cerf. L’effet de l’action au M-Parc? «J’imagine que des collaboratrices ont demandé l’autorisation de les porter, c’est monté jusqu’à la centrale qui a annoncé la bonne nouvelle», admet-il. Une souplesse en rapport avec «l’évènement festif» en cours, pour lequel la Migros avait autorisé des demandes de congé de ses employées.
*L’utilisation de l’astérisque inclut toute personne s’identifiant comme femme.