Genève

Les femmes s’emparent de Genève

Une manifestation massive – entre 15 000 et 20 000 personnes, à 90% des femmes – a traversé Genève dans une ambiance festive, bigarrée, intergénérationnelle et internationaliste
Les femmes s’emparent de Genève
Entre 15 000 et 20 000 personnes ont manifesté le 14 juin 2019 dans les rues de Genève. Le Courrier / © Cédric Vincensini
Cortège

Une manifestation impressionnante. Entre 15 000 et 20 000 manifestantes – un petit 10% d’hommes – ont défilé vendredi dans les rues de Genève: depuis la plaine de Plainpalais, en passant par les rues Basses, le pont du Mont-Blanc, Saint-Gervais puis retour aux Bastions.

A partir de 15h, la plaine de Plainpalais a commencé à se remplir. Un flux incessant et violet. Par endroit, c’est la cohue. Impossible de se frayer un chemin. L’occasion de faire des rencontres. Marion a participé à l’action – casserolade et self-défense – durant la nuit, où une septantaine de personnes se sont rassemblées en Vieille-Ville devant la boite de nuit où quatre femmes ont été agressées. La police lui a confisqué deux casseroles et deux spatules. «J’ai reçu un coup de fil d’un membre de l’état-major, à 15h24, cela ne s’invente pas, il a présenté ses excuses et s’est engagé à ramener mes ustensiles», sourit-t-elle. «Je préfèrerais tout de même qu’ils ne perdent pas de temps avec cela et nous protègent plutôt dans la rue.» Les tronçons se constituent et vers 17h, le cortège se met en route. Il faut un long moment pour que la Plaine se vide.

Cortège coloré

Un public très diversifié. En termes de générations, d’abord. Une senior avec une canne et une hanche endolorie nous dit: «Je n’ai pas toujours eu le droit de vote. J’ai participé à la grève de 1991, je n’allais pas rater ça, mais je vais prendre un raccourci et me rendre directement aux Bastions.» On aperçoit quelques fauteuils roulants et beaucoup de poussepousses.

Deux tracteurs joliment décorés tirent des remorques où sont entassés des enfants encadrés par des hommes solidaires. Et un nombre important de jeunes, aussi. Collégiennes et étudiantes se sont mobilisées en masse. Dans cette tranche d’âge, les questions d’identités de genres et de refus du sexisme priment. Quelques-unes défilent en soutien-gorge ou même seins à l’air, à l’image de ce qui se fait durant la slut walk [la marche des salopes].

Mais l’égalité salariale est aussi évoquée. «C’est vrai, je ne travaille pas encore, mais j’aimerais être payée autant qu’un homme, et ne pas être discriminée à l’embauche», explique Laura, élève à Calvin.

Internationalisme

Autre spécificité: une forte composante internationaliste. Le slogan appellant à la solidarité avec les femmes de tous les continents revient souvent. Sans oublier un discours multiculturel. Un petit tronçon est même constitué de femmes revendiquant leur droit à travailler voilées. Et, là, quelques élus de droite, dont le président du PLR Bertrand Reich.
Vers 18h30, le pont Mont-Blanc est bloqué pendant un bon quart d’heure par le pink block, tronçon non mixte, jeunes et coloré.

A partir de Saint-Gervais, le cortège s’effiloche un peu, des raccourcis sont pris, voire même un verre, le quartier se teint en violet et le cortège atteint les Bastions – où la fête va continuer – alors que quelques manifestantes quittent le pont Mont-Blanc.

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