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Un grand-père heureux

Olivier Rouge livre une réflexion sur les possibilités qu’offrent les Maisons de naissance.
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Une naissance, c’est un cadeau, un miracle, un événement qui ne peut que nous dépasser, petits humains que nous sommes! Mais comment choisissons-nous d’accueillir un enfant? J’ai pu suivre l’accueil d’un enfant en Maison de naissance à La Roseraie à Genève. Que d’ouverture, de confiance, d’empathie ai-je rencontré dans ce cadre chaleureux, bienveillant, respectueux de l’intimité de chacun et même, osons le dire, aimant: toutes conditions essentielles permettant aux parents et au bébé de se préparer à une nouvelle vie. Certes, l’accouchement a été relativement facile, hormis les douleurs inhérentes à un tel passage, et toutes les conditions étaient réunies pour un déroulement serein avec la possibilité à tout moment d’opter pour un transfert à l’hôpital en cas de risques ou de complications. Mais quel cadre rassurant grâce à des sages-femmes compétentes et à un suivi continu et personnalisé.

Dans les services de maternité, combien d’infirmières, de gynécologues, de médecins sont-ils prêts à suivre l’événement de manière aussi intense et prendre le temps de cheminer avec leurs parturientes? D’ailleurs en ont-ils – leur laisse-t-on? – la possibilité lorsque l’on sait toutes les pressions (économiques, temporelles, etc.) liées aux exigences externes et internes aux hôpitaux. Or je suis convaincu que c’est cette présence et cette intimité dont chaque femme avec son bébé, chaque couple a le plus besoin. On peut se demander pourquoi le nombre de césariennes (34% en Suisse, dont un tiers serait inutile) et de péridurales (80%!) est aujourd’hui si élevé. Ne serait-ce pas lié à des conditions de naissance peu propices à un accouchement serein quand on sait tous les méfaits et effets secondaires, parfois beaucoup plus tard, de ces interventions? L’OMS estime qu’il ne faudrait pas dépasser 20% de césariennes! Dans les pays nordiques, les accouchements à domicile restent très fréquents.

Bien sûr, certaines situations exigent la présence et l’intervention de spécialistes. J’en suis d’autant plus conscient que ma fille est née prématurée à la 33e semaine de gestation. Mais pour de telles situations, les conditions que j’ai rencontrées en Maison de naissance sont encore plus nécessaires, autant que la sécurité purement médicale. Loin de moi l’idée de vouloir discréditer ni les maternités ni les services de pédiatrie, mais j’ai trop entendu de témoignages navrants. Le CHUV a bien compris l’importance de l’enjeu, puisqu’un secteur de ce type attenant au service de la maternité y est prévu prochainement. Loin de toute rivalité, cherchons ensemble à développer des solutions alternatives offrant à toutes les femmes la possibilité d’accoucher dans les conditions de leur choix. Pour ceux qui penseraient que les Maisons de naissance coûtent trop cher, détrompez-vous, le calcul a été fait et, dans cette période d’économie à outrance, les politiques ne peuvent invoquer ce motif pour s’opposer à l’ouverture de nouvelles Maisons. En Suisse, il en existe vingt-trois, dont six en Romandie. On ne peut que souhaiter que de nouvelles Maisons s’ouvrent pour offrir aux parents des conditions plus favorables et intimes à ce moment si extraordinaire. Si nous voulons que la société change et retrouve davantage d’humanité, il faudra bien commencer par le début!

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