Édito

La genferei verte

La genferei verte
Le Grand Conseil genevois. KEYSTONE
Genève

C’est un vote parlementaire dont seul Genève a le secret. Vendredi, au moment de se prononcer sur le sort de la Caisse de prévoyance de l’Etat (CPEG), le Grand Conseil n’a tout simplement rien choisi. Il a adopté deux lois prévoyant deux solutions incompatibles. Une véritable Genferei.

Alors que cette décision était attendue depuis des années, que plus de 40 000 fonctionnaires veulent savoir à quelle sauce ils seront mangés, les députés ont renvoyé le dossier dans les méandres juridiques. Personne, et pas même le Conseil d’Etat, ne sait aujourd’hui comment résoudre cette situation inédite. Car on ne peut ni promulguer, ni soumettre au référendum deux textes contradictoires. Que faire en cas de double «oui» en votations? La constitution ne prévoit pas de tel scénario. «Well done», est-on tenté de lancer aux élus.

Le groupe des Verts, par son indécision incompréhensible, a joué un rôle central dans ce triste exploit. Il a d’abord accepté le premier projet, celui de la gauche et du MCG, qui a l’avantage de préserver le niveau des retraites tout en proposant une piste face à la spéculation immobilière. Les travaux auraient pu s’achever là, sur une victoire – certes à l’arrachée – pour la gauche et ses partenaires syndicaux. Mais l’abstention des écologistes lors du vote suivant a permis au texte du Conseil d’Etat, moins favorable à la fonction publique, de passer.

Durant les débats, les Verts semblaient dans leurs petits souliers. Alors que les discussions ont duré près de trois heures, ils n’ont pris la parole que deux fois. Comment expliquer en effet que sur un sujet aussi important pour le canton, avec une recapitalisation estimée à plus de 4 milliards de francs, ce parti ne soit pas parvenu à trancher? Il a en réalité privilégié la pire solution d’un point de vue démocratique: confier le dossier au service juridique de l’Etat.

Avant cela, durant les négociations sur le budget, un autre parti s’est illustré. Ensemble à gauche, connu pour ses refus constants de budgets jugés insuffisants, a accepté de quitter sa zone de confort. Menant les discussions avec le reste de la gauche et le MCG, il est parvenu à faire pencher la balance et a permis au canton de disposer d’un budget 2019 particulièrement généreux. Ensemble à gauche est ainsi sorti de sa posture et a pris ses responsabilités, sans doute pour le meilleur.

Opinions Édito Eric Lecoultre Genève

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