Édito

La fin d’une ère

La fin d'une ère
KEYSTONE
Syndicalisme

Sans surprise, Pierre-Yves Maillard est élu à la tête de l’Union syndicale suisse, après quinze ans au gouvernement vaudois. Le départ de la locomotive électorale du PS, réélu l’année dernière grâce à une dérogation de son parti, bouleversera les équilibres au Château. Jamais éclaboussé par des affaires, Pierre-Yves Maillard laisse derrière lui l’image d’un homme de dossier, droit et pragmatique, qui s’est attaché avec succès à renforcer le filet social du canton. Les Vaudois lui doivent notamment le plafonnement des primes d’assurance-maladie à 10% du revenu, initiative aujourd’hui lancée par le PS au niveau fédéral.

Revers de la médaille, certains succès l’ont été au prix du «compromis dynamique» à la vaudoise, dont Pierre-Yves Maillard a été le principal artisan avec le PLR Pascal Broulis. A tel point que les deux compères ont été surnommés «Brouillard et Malice» par leurs opposants de la gauche de la gauche. La méthode a permis de faire passer un taux d’imposition des entreprises à 13,79%. Au moment où Pierre-Yves Maillard rendra les clés de son bureau au printemps prochain, les communes vaudoises rameront pour faire face à un trou de 80 millions (130 millions dont 50 millions sont compensés par l’Etat) causé par l’entrée en vigueur de la RIEIII.

A la présidence de l’USS, le tribun socialiste retourne à ses fondamentaux. Après avoir été à la tête de la Fédération des associations d’étudiants (FAE), il avait fourbi ses armes comme secrétaire général du syndicat de l’industrie, de la construction et des services dans les années 2000 avant de revêtir le costume de conseiller d’Etat. Mais il a depuis perdu de son pouvoir d’indignation au profit d’un profond pragmatisme. Ses méthodes de compromis sauront-elles trouver leur place dans la lutte syndicale?

A la veille d’une grève des femmes en 2019, alors que les travailleuses souffrent particulièrement, il est regrettable que l’USS n’ait pas envoyé un signal fort en faveur de leur représentation. Comme de tout temps, la fédération a préféré élire un homme sa tête. Celui qui avait soutenu la retraite des femmes à 65 ans devra montrer qu’il est désormais capable de défendre leurs intérêts.

Opinions Édito Sophie Dupont Syndicalisme

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