Édito

Repenser le rapport aux bêtes

Repenser le rapport aux bêtes 1
Pour élever des vaches à cornes, il faut de la place et cela a un coût. KEYSTONE
Votations fédérales

L’argument du bien-être animal est brandi par chacun des camps qui s’affrontent autour de la votation dite «pour les vaches à cornes». Pour les uns, les animaux souffrent trop lors de l’ablation et se voient privés d’un organe important, par exemple pour leur communication au sein du troupeau. Les autres estiment que l’écornage «ne porte pas exagérément atteinte au bien-être» et facilite la stabulation libre, symbole de meilleures conditions que des étables où les bêtes sont entravées.

Or ce n’est pas un hasard si la part des animaux écornés n’a cessé de croître ces vingt dernières années, ainsi que le relève le Conseil fédéral. La pratique va de pair avec les élevages plus intensifs où l’on place autant d’animaux que possible dans des espaces restreints. Le Courrier a interrogé des familles paysannes aux pratiques différentes en matière d’écornage. Pour élever des vaches à cornes, il faut de la place et cela a un coût. Dans un contexte économique difficile, notamment pour les petites exploitations, cela relève d’un luxe que certains ne peuvent se permettre. Interrogés sur les risques pour leur sécurité, ces éleveurs et éleveuses notent qu’un coup de sabot peut aussi s’avérer dangereux – contrairement aux cornes, on n’a pas encore trouvé le moyen d’ôter les sabots trois semaines après la naissance des veaux. D’autres se disent davantage préoccupés par le taux de suicide alarmant dans la profession.

L’initiative leur offre de meilleures conditions pour faire un choix éclairé sur l’écornage. Elle n’interdit rien, mais propose une aide financière à qui préservera l’intégrité de ses bêtes. De la paperasse en plus, objecteront ceux qui croulent déjà sous les formulaires pour obtenir les subventions indispensables, alors que la chaîne de transformation et de distribution tire les prix vers le bas.

La question des cornes n’est pas anecdotique. Elle mène à nous interroger sur la façon dont nous élevons les animaux de rente en Suisse. Pour le bien-être animal – mais aussi pour les conditions de travail des éleveurs –, il fait sens d’encourager les fermes qui misent sur le lien entre humains et bêtes.

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