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Des élus de la Ville de Genève demandent un pavillon suisse

«Un signal fort envoyé au Conseil fédéral». Le conseiller municipal Emmanuel Deonna fait partie des élus genevois qui appellent la Confédération à accorder le pavillon suisse au navire humanitaire Aquarius.
Asile

Les élus socialistes, des Verts, démocrates-chrétiens et d’Ensemble à gauche de la Ville de Genève ont voté en faveur du principe d’accorder le pavillon suisse au navire Aquarius. Ils ont envoyé ainsi un signal fort au Conseil fédéral. Pour rappel, la loi sur la navigation maritime prévoit qu’un navire peut se voir accorder le pavillon national s’il est exploité à des fins humanitaires. En accordant le pavillon suisse à l’Aquarius, le Conseil fédéral comblerait non seulement les vœux de l’association SOS Méditerranée qui affrète le bâtiment, mais aussi ceux de plus de 25 000 citoyens suisses pétitionnaires. Il suivrait l’appel en ce sens de personnalités (Micheline Calmy-Rey, Jacques Dubochet, Carla Del Ponte, etc.) ainsi que de plusieurs conseillers nationaux qui s’y sont ralliés par le biais d’un postulat.

Comme l’ont fait valoir les élus de la Ville de Genève, accorder un pavillon suisse à l’Aquarius permettrait aux opérations de sauvetage entravées à l’heure actuelle – alors qu’elles ont déjà permis de sauver près de 30 000 vies – de continuer. Une telle décision marquerait, ensuite, l’opposition de la Suisse à une politique de criminalisation par les Etats européens des organisations humanitaires œuvrant en mer Méditerranée.

Siège européen des Nations Unies, capitale internationale des droits humains, berceau du droit humanitaire et gardienne des quatre Conventions de Genève, notre ville abrite également les sièges du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Des dizaines d’ong, nationales et internationales, dotées d’une expertise précieuse dans le domaine de la migration, sont aussi actives sur le territoire de notre commune. Pour faire honneur à cet héritage, Genève doit saluer, mais aussi encourager concrètement le travail des organisations humanitaires qui viennent au secours des migrants en mer.

Celles-ci réalisent, au quotidien, un travail terriblement difficile et remarquablement courageux. Parmi les Etats européens, la tendance est de dissuader la migration des individus par des moyens militaires ainsi que par le déploiement d’appareils sécuritaires et répressifs toujours plus sophistiqués. Agir pour la liberté de mouvement et d’installation des migrants impliquerait au contraire de rendre les voies d’accès à l’Europe légales et sûres. Nous devons soutenir les opérations de sauvetage réalisées en mer comme celle du navire Aquarius et battre en brèche les appels à l’exclusion et les fausses informations distillées par l’extrême droite.

Par ailleurs, les membres de l’ONU devront atteindre d’ici 2040 les dix-sept objectifs du développement durable. Ces objectifs tiennent compte des dimensions économique, sociale et environnementale du développent durable. La Suisse s’est engagée à mettre en œuvre ces objectifs sur le plan national. Elle a joué un rôle pivot dans les négociations ayant abouti à l’adoption de l’Agenda pour le développement durable. De la même façon et avec une ambition comparable, elle a contribué de façon décisive à l’adoption cette année par la communauté internationale du Pacte mondial pour la migration. La décision du Conseil fédéral d’accorder le pavillon suisse au navire Aquarius, que la Ville de Genève appelle de ses vœux, prolongerait naturellement l’engagement de la Suisse contre la misère, pour la paix, la démocratie et les droits humains.

Emmanuel Deonna est conseiller municipal Ville de Genève, député suppléant au Grand Conseil genevois, Parti socialiste.

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