Au revoir!
Après quatre années de présence dans les colonnes du Courrier, je cesse mes «chroniques de résistance»! La plume reste un de mes moyens d’expression préféré et la résistance est plus nécessaire que jamais par ces temps d’obscurité. Mais, continuons à œuvrer pour le mouvement, la vie, l’amour. On se bat! Pour vous dire au revoir, je vous offre un poème d’André Benedetto, fondateur et directeur du Théâtre des Carmes à Avignon, décédé en 2009, et à jamais présent. Venceremos! Baci
Et tout d’un coup…
Et tout d’un coup c’est une formidable envie de vivre qui s’empare des hommes
Et tout d’un coup ils veulent vivre debout sur l’horizon et la poitrine ouverte
Et solennels comme des monuments
Et tout d’un coup ils veulent vivre et ils savent que c’est possible
Et ils se dressent
Gigantesques
Et tout d’un coup tout est possible et qu’il suffit de s’appuyer aux murs
Pour les faire crouler
De tirer sur les chaînes
Pour les briser
D’ouvrir les portes
Et tout d’un coup le peuple se redresse et se croise les bras
Il se regarde et prend mesure
De ses forces illimitées
Et il sourit
Et tout d’un coup et d’heure en heure
L’exaltation se propage sur les réseaux
Et les enfants discutent de l’avenir du monde
La vie s’arrête et ils la reconnaissent penchée
Sur la fontaine
Les paradis circulent de cœur à cœur la générosité
Déploie un torse immense
Et tout d’un coup la solidarité a des millions
De bras
Comme la déesse shiva
Et tout d’un coup
Ils écrivent tous liberté
Au coude à coude par leur seule présence
Ils mangent la pastèque appelée liberté
La vie s’arrête
Et ils lui caressent la tête entre les deux oreilles
Comme à un chat.
André Benedetto
In Les poubelles du vent (1971)