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Québec: la fièvre et son remède

Québec: la fièvre et son remède 1
Les jeunes, ici lors d'un meeting dans la capitale, ont fait de Québec solidaire l'autre vainqueur du scrutin. BPZ
Québec

Conservatisme, individualisme, xénophobie, la recette a de nouveau fait ses preuves. Après l’Ontario passée en juin en mains de l’ultraconservateur Doug Ford, la province canadienne voisine du Québec a à son tour plébiscité la droite dure. Avec 37% des voix mais 60% des députés, François Legault et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont reçu lundi les pleins pouvoirs jusqu’en 2022.

Populiste light, François Legault ne devrait pas aller aussi loin que son homologue ontarien, qui multiplie depuis trois mois les mesures vexatoires contre les minorités (francophones, réfugiés et Premières Nations) et les politiques antisociales (baisse du salaire minimum!) ou antiécologiques. Le Québec, avec son mouvement social combatif et son sens de l’Etat, n’est pas l’Ontario. Et M. Legault, ancien ministre du Parti québécois (souverainiste), a un autre bagage que l’erratique météore torontois.

Reste que la dynamique en œuvre est similaire. François Legault, comme avant lui Trump ou Ford, sont les symptômes d’une même fuite en avant. Celle d’une société nord-américaine coincée – encore plus caricaturalement qu’en Europe – dans un modèle de développement insoutenable, que ce soit en termes d’urbanisme, de gaspillage des ressources ou de consumérisme mondialisé. Déchirée entre les promesses d’une croissance sans limite et les sacrifices – environnementaux, sociaux et identitaires – qu’elle implique, une frange de l’électorat se rend au premier démagogue qui lui promet tout et son contraire. Pourvu qu’on puisse garder la tête dans le sable encore quatre années supplémentaires!

Une attitude de repli, un égocentrisme décomplexé que le défaitisme de la gauche dite raisonnable ne cesse d’alimenter. Ayant beaucoup promis mais bien peu réalisé, ou alors l’exact contraire de leurs promesses, le Parti québécois, les démocrates étasuniens et même les libéraux de Justin Trudeau ont largement discrédité l’espoir d’une alternative, faisant le lit du désenchantement et de la résignation. L’annonce par Ottawa d’un funeste accord commercial avec Washington, lundi, en pleine journée électorale, montre bien la totale déconnexion de l’aréopage libéral.

Dans ces poussées de fièvre populistes apparaît pourtant un autre point commun, bien plus rassurant: l’émergence d’une nouvelle génération décidée, elle, à s’attaquer aux racines politiques et économiques de la crise sociale et environnementale. Car l’autre événement du scrutin sur les bords du Saint-Laurent est la percée du parti de gauche Québec solidaire, qui obtient dix députés et 16% des voix (contre trois élus et 7% en 2014). Et la première place chez les moins de 34 ans! Six ans après la longue grève étudiante, le «Printemps érable» trouve là une spectaculaire et prometteuse traduction politique.

International Benito Perez Québec

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