Suisse

Les premiers mois, là où tout se passe

La Commission fédérale de coordination pour les questions familiales propose 38 semaines de congé.. KEYSTONE
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«C’est en se retrouvant seuls avec le bébé que [les pères] réalisent vraiment ce que cela implique…» La phrase est de la chercheuse Isabel Valarino, qui a soutenu une thèse en 2014 sur l’émergence du congé parental et du congé paternité en Suisse. Avant cette expérience charnière, même pour les couples les plus égalitaires, les pères restent cantonnés à un rôle de soutien, le rôle central auprès du nouveau-né restant conféré à la mère. C’est en prenant leurs jours de congé de manière étalée après le retour de leur partenaire au travail que les hommes changeaient de rôle.

Il ne suffit pas de proposer aux pères qui le veulent bien de prendre quelques jours pour s’occuper de leur nouveau-né. Assumer le plus tôt possible la responsabilité de son enfant, que l’on soit son père ou sa mère, devrait être une priorité absolue, gage d’une société plus égalitaire. Car c’est dans ces tout premiers mois que tout se passe, que les habitudes se prennent. «Alors que la maternité est considérée comme une responsabilité intensive, la paternité demeure perçue comme un engagement flexible et optionnel», note Isabel Valarino. Un congé parental bien réparti permet de ne pas maintenir un des deux géniteurs dans un rôle «temporaire» en attendant que l’autre reprenne la main.

Réjouissons-nous donc que la Commission fédérale de coordination pour les questions familiales propose 38 semaines de congé. Mais pas trop vite: malgré l’engouement populaire (notamment côté masculin) en faveur d’un congé paternité, le Conseil fédéral a déjà marqué sa réprobation, la faute aux coûts engendrés. Grand prince, il suggère de développer les offres de placement extrafamilial. On pourrait répondre pied à pied par les études relevant les avantages économiques de congés parentaux permettant aux femmes qui le souhaitent de se maintenir dans le monde du travail. On insistera sur ce que l’ensemble de la société a à gagner par une égalité de genre. A commencer par des parents – et donc des enfants – plus stables et plus épanouis.

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