Édito

Les quinquas discriminés

Les quinquas discriminés
(KEYSTONE/Anthony Anex)
Emploi

Notre système de cotisations sociales encourage la discrimination à l’embauche des plus de 50 ans. Une initiative lancée par l’association Workfair 50+ (notre édition de mercredi) y apporte un début de réponse. Car les cotisations pour le deuxième pilier évoluent selon l’âge, de 7% du salaire coordonné à moins de 35 ans jusqu’à 18% pour les plus de 55 ans. La moitié de ces sommes étant à charge de l’employeur. A l’heure d’engager une personne, oui, cela peut faire la différence dans la tête des recruteurs.

Ce système a été conçu à une époque où prélever davantage sur les salaires des plus âgés faisait sens. Mais le marché de l’emploi a changé. On ne passe plus trente ans dans la même entreprise, assuré d’un pot de départ lorsque l’heure de la retraite sonne. Les vaillants quinquas ne sont pas rares dans les bureaux des ORP et la concurrence est rude. Unifier ces taux, éventuellement avec un coup de pouce pour ne pas pénaliser les plus jeunes aux salaires les plus bas, est une idée à explorer.

L’argument de la lutte inter-générationnelle est vain. Il vaut lorsqu’on cherche à faire travailler les jeunes davantage pour assurer les rentes des baby-boomers, mais pas lorsqu’il s’agit de lisser les cotisations sur toute une vie et que les jeunes en question y trouveront leur compte en n’étant pas à leur tour pénalisés une fois la cinquantaine dépassée.

Reste le problème de fond: le mythe des trois piliers laisse croire qu’on assure individuellement sa retraite. Or, l’immense majorité de la population ne gagne pas de quoi garantir sa propre retraite; les rentes s’assurent collectivement et le premier pilier, souvent pointé du doigt à tort (notre édition du 29 juin) reste le plus à même d’offrir un système solidaire où chacun cotise proportionnellement à ses revenus et pas selon sa capacité à épargner des milliers de francs par année.

Opinions Édito Laura Drompt Emploi

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