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Panique au Grütli!

Didier Duruz est choqué par le choix d’un film projeté lors d’une sortie scolaire.
École

L’Eglise catholique Romaine de Genève a organisé au cinéma du Grütli à Genève, un festival – agrémenté de rencontres et débats – baptisé «Il est une foi [sans ‘s’] – les rendez-vous du cinéma», manifestation ayant choisi pour thème l’«Apocalypse» (programme pour nos temps de déprime et d’effroi?)… Les voies de l’Eglise sont parfois impénétrables, qui plus est pour la jeune génération!

Sous rubrique «matinées scolaires», la projection du célèbre film Pink Floyd: The Wall a offert le jeudi 3 mai à une trentaine d’écolières et écoliers de 11-12 ans (l’âge légal est 16 ans!) l’occasion de vivre une «belle» expérience traumatique! Il faut dire que «The Wall» de par sa violence singulièrement chaotique, est sans doute l’un des films les plus aptes, à: «immerger de force le spectateur dans l’univers méticuleusement dépeint de la schizophrénie!».*

Suite interminable de flashs psychotiques mêlés de souvenirs falsifiés et terrifiants, la «force de ce film tient au fait que la schizophrénie y est vue par le malade en focalisation interne»*. Les productions musicales et picturales qui émaillent l’œuvre, exsangue par ailleurs de tout dialogue, n’y changent rien. Elles semblent être le fruit «extatique» de cerveaux détruits par la drogue… Aucune lueur d’espoir, aucune altérité, aucune empathie possible, aucune trace de rédemption ni de salut! Bref, le film procure au spectateur une sensation pénible de glissement, vers le non-sens et la mort…

Quand les lumières ont baissé et sur demande d’une enseignante, les enfants ont mis fin à leur joyeux ­tumulte…

Que leur avait-on dit du film qu’ils allaient voir (subir serait plus exact)? Quels adultes avaient retenu «The Wall» comme un spectacle pour jeunes écoliers? Qu’avaient-ils à l’esprit à ce moment, ces presque encore enfants? Je n’en saurai rien. Ce qu’on devine, c’est qu’ils se sont sentis littéralement pétrifiés dès les premières images parfaitement horrifiantes, se succédant devant leurs yeux.… On n’entendra d’ailleurs pas le moindre bruit durant près de 40 minutes! Soudain un frémissement: une petite silhouette quittait furtivement sa place et courait en larmes vers la sortie, immédiatement suivie par tous les autres enfants. En quelques secondes, le cinéma s’était vidé! On entendit quelque agitation en provenance du foyer, une enseignante vint rechercher l’un ou l’autre sac ­oublié…

Espérons que ces très jeunes victimes de ce qu’il faut qualifier ici de maltraitance pourront bénéficier d’une prise en charge adéquate et compétente. Les enfances de nos enfants sont trop tôt volées ou violées par la violence des images.

Je compatis au «cadeau empoisonné» fait ici aux parents et j’attends des adultes et instances concernées qu’elles se montrent à la hauteur d’une telle problématique.

Il importe à mes yeux qu’un tel épisode, si malheureux soit-il, ne soit ni banalisé ni passé sous silence. Les prières n’y suffiront pas !

Didier Duruz, Genève

*Les citations sont extraites de divers commentaires sous wikipédia.

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