On nous écrit

Le délit de solidarité n’existe pas!

Trois générations s’allient pour exprimer leur soutien aux personnes qui apportent un peu d’humanité aux migrants.
Asile

L’expression «délit de solidarité» est apparue dans les années 1990 avec les associations d’aide aux sans-papiers qui dénonçaient, à l’époque, la répression dont leurs membres étaient victimes. Aujourd’hui elle est employée contre celles et ceux qui tentent d’apporter un peu d’humanité aux personnes migrantes.

Juridiquement le délit «de solidarité» n’existe pas, mais cette expression, qui ressemble à un oxymore, est utilisée pour dénoncer les poursuites et les condamnations de celles et ceux qui viennent en aide à des personnes étrangères en situation irrégulière en France.

Lundi 23 avril, deux Genevois ont été interpellés et mis en détention préventive à la terrible prison des Baumettes. Ils sont accusés d’«aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire national et en bande organisée». Cette mesure légale permet de punir le «délit de solidarité» de lourdes peines de prison pouvant aller jusqu’à sept ans. Depuis quelques jours, ils sont en liberté surveillée dans l’attente de leur jugement.

Aujourd’hui comme hier, nous condamnons avec vigueur cette tentative de déshumaniser notre société en prônant le repli sur soi.

Nous n’acceptons pas de fermer les yeux face aux drames du monde qui jettent sur les routes et les mers des dizaines de milliers de migrant.e.s qui n’ont d’autres choix que de fuir la guerre, la famine et l’insoutenable pauvreté.

Au contraire, nous admirons et assurons de tout notre soutien celles et ceux qui, guidés par leur conscience, ouvrent leurs cœurs et leurs portes pour offrir un toit temporaire, une halte solidaire, une respiration bienvenue à celles et ceux qui ont traversé l’Afrique, puis l’Europe, au prix terrible de leur dignité. N’ajoutons pas notre honte à leur détresse, la solidarité est un beau mot, le contraire absolu d’un délit, le signe tangible de l’espérance.

Est-il utopiste d’imaginer que ces jeunes soient exemptés de toute condamnation et que les gouvernements européens stoppent immédiatement cette odieuse chasse à la solidarité?

Qui n’ose plus rêver ne fait que répéter les erreurs du passé!

Jean Ziegler, ancien Conseiller national,

Fabienne Bugnon, ancienne Conseillère nationale,

Lisa Mazzone, Conseillère nationale

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