Inexorable spirale des inégalités
L’argent va au capital, pas aux salaires. Une étude d’Oxfam France, une organisation de lutte contre la pauvreté, vient le confirmer une nouvelle fois1>«CAC 40, des profits sans partage», Oxfam France.. Outre-Jura, entre 2009 et aujourd’hui, les groupes cotés au CAC 40 ont transféré à leurs actionnaires 67,5% de leurs bénéfices. Résultats: les travailleurs – qui créent pourtant cette plus-value – n’ont eu droit qu’à 5% de ce total sous forme d’intéressement à la bonne marche de leur entreprise. Et la part nécessaire aux investissements, garants du futur, ne dépasse pas 27,5%.
Le but est de satisfaire l’actionnaire envers et contre tout. Le rapport d’Oxfam pointe des cas où les dividendes versés dépassent de plus de 15 fois les bénéfices de l’entreprise! Quitte à puiser dans les réserves. Ces entreprises sont globalisées. Elles se calent sur des critères étasuniens de rentabilité qui exigent des rendements de 15%, là où la moyenne européenne est plus proche de 8%.
La méthode pour réaliser ces profits mirobolant n’étonne pas: elle est faite d’optimisation fiscale dans divers paradis délocalisés, qui assèche les ressources de l’Etat, et de pressurisation des employés qui sont soumis à des plans sociaux drastiques pour gonfler les bénéfices.
Ce qui donne du relief aux propos de Pierre Gattaz, le patron des patrons français. Pour lui, ces dividendes sont normaux car représentant la rémunération d’un risque. Celui des investisseurs, donc, pas celui des employés qui paient les pots cassés lorsque cette politique à court terme a vidé l’entreprise de sa richesse et de son savoir-faire. Il sera alors toujours temps de passer à autre chose. Une sorte de prédation continuelle qui pousse à la pauvreté de tous au profit de quelques-uns: en 2017, 82% des richesses créées dans le monde sont allées au 1% les plus riches, rappelle Oxfam, et les 50% les plus pauvres n’ont touché «que des miettes».
Et pourtant, la doxa dominante continue de prétendre qu’il faut aider les premiers plutôt que de réduire ces écarts comme le bon sens l’exigerait. Il faudra s’en rappeler quand, la bouche en cœur, les affidés de ces intérêts viendront quémander des nouvelles baisses fiscales devant le bon peuple.
Notes