Édito

Le soutien incendiaire de Trump

Le soutien incendiaire de Trump
La fille de Donald Trump, Ivanka, et son conseiller Jared Kushner ont assisté à l'inauguration de l'ambassade étasunienne à Jérusalem. KEYSTONE
Israël 

Les observateurs du Proche-Orient craignaient depuis longtemps cette semaine, qui s’annonçait comme celle «de tous les dangers». Et elle a effectivement commencé dans un bain de sang. Alors que le gouvernement de Benyamin Netanyahou fêtait hier en grande pompe le «déménagement» de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, à l’occasion des 70 ans de la proclamation de l’Etat d’Israël, des dizaines de manifestants palestiniens, dont des enfants, ont été tués à la frontière avec la bande de Gaza. Des tirs de l’armée israélienne qui représentent «dans certains cas des homicides volontaires constituant des crimes de guerre», selon Amnesty International.

«Grand jour pour Israël. Félicitations!» s’est contenté de tweeter pour l’occasion Donald Trump, démontrant une fois de plus qu’il cautionne totalement la politique du premier ministre israélien, aussi meurtrière soit-elle. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué, dans son discours du jour, de remercier chaudement le président étasunien pour sa décision «historique» de transférer la représentation diplomatique dans la ville «sainte» pour les trois plus grandes religions monothéistes.

L’annonce de ce déménagement – faite en décembre et au grand dam de la communauté internationale – avait en effet déjà délivré ce message: Washington soutient désormais sans aucun bémol Benyamin Netanyahou, quitte à enterrer tout espoir de paix au Proche-Orient. Le président étasunien a encore renforcé cet appui la semaine dernière, en atomisant l’accord sur le nucléaire iranien. Alors même que Téhéran respectait selon l’avis général les termes du traité, Trump a piétiné la diplomatie multilatérale pour se ranger du côté du grand pourfendeur de l’accord: Benyamin Netanyahou.

Le premier ministre israélien se sent donc désormais les coudées totalement franches. Car pour lui, seul compte le soutien du grand frère étasunien. Ce ne sont sûrement pas les timides reproches et appels au calme des Européens et des Nations Unies qui changeront la donne. Alors que le mouvement palestinien de désobéissance civile est en plein essor à Gaza, l’armée israélienne ouvre ainsi le feu depuis plusieurs semaines contre des manifestants désarmés. Au moins 95 Palestiniens ont été tués par balles depuis le 30 mars et des milliers d’autres ont été blessés.

Mais le pire est encore à craindre. Les Palestiniens réaliseront ce mardi, 15 mai, la grande «marche du retour», pour commémorer les 70 ans de la «Nakba». Une manifestation qui risque, au vu des derniers événements, de se transformer en un nouveau massacre. Il sera alors difficile de prévoir comment s’exprimeront le désespoir et la colère des Palestiniens, qui voient leurs aspirations toujours plus violemment réprimées et se sentent de plus en plus abandonnés.

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