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Un pas pour les écrivains

Stabilité pour le 32e Salon du livre à Genève
Des dizaines de milliers de personnes sont encore venues cette année au Salon du livre de Genève (Keystone archives).
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Le 32e Salon du livre de Genève s’est achevé hier en se félicitant d’une fréquentation «stable», avec 87 000 entrées. Quelque 1000 écrivains suisses et internationaux étaient invités. Dans leur communiqué final, les organisateurs ne pipent mot de ce qui constitue une véritable victoire pour les auteurs: depuis cette édition, ils sont payés pour leurs prestations (séances de dédicaces exceptées) sur toutes les scènes portées par la Fondation pour l’écrit, organisatrice du Salon. Ils étaient déjà rémunérés pour des ateliers ou des spectacles littéraires, mais cette généralisation est une première. «Les organisateurs du Salon du livre de Genève reconnaissent que le temps passé par les auteurs dans le cadre du salon, à des tables rondes ou lors de débats, est un investissement en temps et non une démarche promotionnelle, qui se doit d’être rémunérée», indiquaient-ils le jour de l’ouverture.

Cette décision est à saluer. Elle s’inscrit dans un mouvement global de reconnaissance du statut des auteurs dans le monde francophone. Alors que les rémunérer est chose courante depuis longtemps en Allemagne et outre-Sarine, c’était loin d’être le cas en Suisse romande – où les rencontres littéraires, forcément chronophages, se sont multipliées depuis quelques années. On se souvient de la polémique qui enflamma la presse romande il y a deux ans sur la question.

Signe des temps, c’est depuis 2016 également que les manifestations littéraires doivent payer les écrivains invités si elles veulent être soutenues par le Centre national du livre français. En mars dernier, le salon Livre Paris refusait pourtant de les rémunérer pour certaines prestations prétendument «promotionnelles»… avant de faire marche arrière sous la pression du mouvement #PayeTonAuteur.

Le mouvement est enclenché. La décision du Salon du livre de Genève est un signe encourageant, qui incitera sans doute les pouvoirs publics, fondations, sponsors et autres soutiens au livre à s’engager sur la question. Valoriser ses intellectuels est aussi une vision politique.

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