Édito

Italie, l’option de la dignité

Italie, l’option de la dignité
depuis quelques années, le fascisme se combat moins dans les tribunaux que dans la rue (ici une manifestation antifasciste le 24 février à Rome).KEYSTONE
Elections législatives

A quelques jours des élections générales italiennes pour renouveler dimanche prochain Sénat et Chambre des députés, les pronostics sont pour le moins incertains. Personne ne semble en mesure de l’emporter, ce qui pourrait pousser le président Mattarella a reconduire le premier ministre sortant Paolo Gentiloni, du Parti démocrate (PD), à la tête d’une nouvelle coalition centriste. Ceci pour un gouvernement administratif qui tiendra quelques mois, avant un retour aux urnes.

Ce qui ne fait aucun doute, c’est qu’une partie importante du nouveau parlement ne ressemblera guère à l’actuel. Annoncé devant le PD, le premier parti devrait être le populiste Mouvement 5 étoiles (M5S). Quant à la principale coalition, elle sera très à droite, prédisent des sondages dans lesquels la Lega de Matteo Salvini talonne Forza Italia (Berlusconi), alors que Fratelli d’Italia (Giorgia Meloni) complète le trio. Enfin, quelques candidats de partis ouvertement néofascistes pourraient rejoindre Montecitorio, comme ceux de Casa Pound ou Forza Nuova.

Faire l’apologie des idéaux mussoliniens demeure un délit outre-Alpes, mais depuis quelques années, le fascisme se combat moins dans les tribunaux que dans la rue. Ainsi, alors que la Lega faisait samedi une démonstration de force à Milan, des dizaines de milliers d’antifascistes ont défilé à travers l’Italie, en particulier à Rome, à l’appel de l’Association nationale des partisans. La plupart des représentants de la gauche étaient dans la capitale, unis le temps d’un déplacement sous la pluie entre Piazza della Repubblica et Piazza del Popolo. Dès dimanche, ils sont retournés à leurs désaccord, cristallisés autour des options libérales du Partito democratico en matière sociale. Pas étonnant que Pietro Grasso, dissident du PD et leader de Liberi e uguali, seconde formation à gauche, se soit fait remarquer mardi en compagnie du labouriste britannique Jeremy Corbyn.

Evidemment, les slogans antiracistes de samedi détonnaient dans cette campagne obsédée par la crise migratoire. Avec plus de 600 000 réfugiés arrivés sur sol transalpin depuis 2014, la droite, régulièrement rejointe par le M5S, surfe sur les craintes de nombre d’Italien-ne-s. On joue les pompiers-pyromanes, avec des dérapages comme l’attaque armée contre des migrants par un ex-candidat de la Lega début février. Tout en accusant le centre-gauche de tous les maux, les coalitions Renzi puis Gentiloni payant un lourd tribut pour leur gestion perçue comme «trop humaine» du flux de réfugiés en Méditerranée. Dimanche prochain, les positions dignes seront minoritaires. Une raison de plus pour les défendre coûte que coûte.

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