Édito

L’info à l’épreuve de l’intox

L’info à l’épreuve de l’intox
Médias

Les fake news, fausses rumeurs et intox sont à la une, ces jours. Facebook vient d’annoncer qu’il s’appuiera sur des sondages aléatoires pour noter les médias et identifier les canaux «informatifs, locaux et fiables». Au début de l’année, Emmanuel Macron annonçait pour sa part entrer en guerre contre les intox. Ses pistes de réflexion: des obligations de transparence, ou encore la permission pour des juges de faire supprimer des contenus, de les «déréférencer», voire de bloquer certains accès à des sites web.
Mais quelles sources seront-elles jugées suffisamment crédibles pour être adoubées? Ne risque-t-on pas de ne valider que les discours consensuels issus des canaux d’information dominants au détriment des voix discordantes et pas forcément erronées? Réguler les excès serait salutaire. Mais pas au détriment de la liberté d’expression.

S’il prend une nouvelle ampleur avec les milliards de «j’aime» et de partages d’infos sur les réseaux, le phénomène des intox ne date pas d’hier. Cas d’école enseigné aux journalistes: Timișoara et l’«affaire» d’un faux charnier monté en épingle par la presse internationale et parti d’un fait réel à la chute de la dictature de Ceaușescu en 1989. Les plus grands médias étaient tombés dans le panneau, chacun reprenant les informations – non vérifiées – de l’autre en les exagérant.

Dans les cours de déontologie, cette histoire permet d’insister sur l’importance des sources journalistiques. Qui parle? Ces dires sont-ils confirmés et par qui? La base du métier, une tâche ingrate, parfois de longue haleine et en général à l’opposé des logiques de buzz que les médias affectionnent. En cela, ils portent une certaine responsabilité dans la crise de confiance liée aux intox. Les algorithmes des réseaux sociaux peuvent monter à la tête: soudain comptent surtout les clics. On balance l’information et on vérifiera après, au moins ça «fait réagir».

Plutôt que de confier à Facebook un rôle de gardien du temple, pourquoi ne pas miser sur l’esprit critique? Renforcer la formation des futurs citoyens, leur apprendre à reconnaître une information fiable ou une source douteuse? Bien s’informer est capital. Pour cela, il faut des médias forts, qui prennent le temps de l’enquête. Un principe mis à mal en ces temps de crise pour les journalistes, sommés de faire plus avec moins, de faire vite, de faire de l’audience.

Opinions Édito Laura Drompt Médias

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