Édito

Dispense non désirable

Dispense non désirable
La Cour européenne des droits de l'homme a donné raison au canton de Bâle-Ville. FLICKR/A. PREVOT/CC
Education sexuelle

L’accès à l’éducation sexuelle est un droit, et cela dès le plus jeune âge. La Cour européenne des droits de l’homme a donné raison à Bâle-Ville face à une famille qui l’accusait d’atteinte à ses droits fondamentaux (notre édition de vendredi). Les parents demandaient que leur fille de 7 ans soit exemptée d’éducation sexuelle jusqu’en ­2e  année primaire. Or, dans son verdict, la Cour a reconnu les buts légitimes poursuivis par cet enseignement.

L’affaire avait commencé en 2011 avec l’apparition d’une «sex box» comme support de cours dès l’école enfantine. Dans la fameuse boîte, des «accessoires pédagogiques», dont un pénis et une vulve en peluche reproduisant assez fidèlement des «originaux». On peut comprendre que cela fasse bondir certains parents. Selon les milieux culturels ou religieux, les tabous autour de la sexualité demeurent bien ancrés. Il est donc capital de permettre aux parents de surmonter leurs peurs et leurs préjugés pour penser avant tout au bien-être et au développement de leurs enfants.
Certains estiment protéger la pudeur des élèves en n’évoquant pas les rapports sexuels ou les organes génitaux devant les plus petits. Dans la foulée des «sex box», une initiative (retirée ensuite) avait demandé de limiter les cours à la prévention des abus sexuels jusqu’en primaire. Mais aborder les questions affectives et sexuelles en priorité par l’angle des abus est-il vraiment la solution pour préserver l’intimité des enfants?

L’OMS (1) elle-même conseille une approche plus positive, non seulement plus efficace mais aussi plus réaliste et «en phase avec la curiosité, les intérêts, les besoins et l’expérience des enfants». L’éducation sexuelle basée sur les risques, les maladies et les abus donne une «focalisation négative» qui «fait souvent peur aux enfants et ne répond pas à leur besoin d’information». Les parents garderont toujours un rôle essentiel pour le développement de leurs enfants. Mais laissons à ces derniers des outils pour développer une vie amoureuse, puis sexuelle, épanouie et responsable. Pour tous les enfants qui se sont dit – et se diront – un jour que «cette question-là» leur trottait dans la tête et n’auraient jamais osé la poser à la maison, la décision de la CEDH est des plus bénéfiques.

1) Standards pour l’éducation sexuelle en Europe, OMS, 2013.

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