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2018: une mémoire nécessaire

Chroniques de résistance

Désolé, mais, à mes yeux, le 31 décembre n’a pas de signification importante, ce n’est qu’un changement de millésime dans le calendrier grégorien! La vraie nouvelle année, à mes yeux toujours, c’est le 21 mars, soit l’équinoxe de printemps où tout renaît de ce qui était enfoui sous terre. C’est d’ailleurs à cette date que les Kurdes fêtent leur nouvel an, Newroz!

Cela étant dit, pas de surprise, en 2018, comme avant, comme après, il y a un chemin à parcourir pour les cœurs ouverts et attentifs, celui des luttes à mener contre les injustices, les inégalités sociales, les atteintes multiformes à la dignité humaine et le saccage de la planète. Les licenciements boursiers, les fermetures d’entreprises et des frontières, les violences sexistes et sexuelles, les attaques bourgeoises à la protection sociale et aux droits des fragiles et des précaires ne vont pas cesser par la grâce d’une pseudo-magie de «l’an neuf» et nous sommes appelé.e.s toutes et tous à être debout et à poursuivre notre combat pour un monde fraternel.

2018 est cependant une belle occasion d’une mémoire nécessaire. En effet 2018 rime, entre autres, avec 1918 et cette année-là, pendant trois jours en novembre, la Suisse a été secouée jusqu’en ses fondements par la grève générale, la seule que le pays ait connue.

Il vaut la peine de relire les neuf revendications de ce mouvement social contre lequel l’armée a été mobilisée immédiatement par le Conseil fédéral de l’époque, comme quoi les «réponses» des dominants sont toujours les mêmes quelles que soient l’époque et les latitudes… Dans ces revendications, il y avait, notamment, la réduction drastique du temps de travail hebdomadaire, le droit de vote des femmes et la création de l’AVS qui verra finalement le jour en 1948 et dont le système par répartition doit être défendu bec et ongles contre les attaques de la droite, des patrons et des gouvernants!

2018, c’est aussi bien sûr les cinquante ans de Mai 68 et de cette grande insurrection culturelle, poétique et politique, en Europe comme dans le monde. Un mouvement de fond qui mis en question radicalement les mentalités et les comportements dans tous les domaines et dont les ondes de choc continuent à nourrir les imaginaires et les désirs des gens et des peuples en quête d’émancipation, quoi qu’on dise…

1968, c’est aussi Prague et le rictus final des staliniens, ces faux communistes qui n’ont eu de cesse de tuer l’idée même du communisme jusqu’à leur chute définitive dans les poubelles de l’histoire!

Il ne s’agit évidemment pas d’organiser des commémorations avec des figures sorties du formol et des habits sentant la naphtaline. Il s’agit tout au contraire d’utiliser ces divers événements du passé pour voir en quoi ils irriguent le présent et montrent une permanence des idéaux et des désirs de libération et de justice. Il s’agit ainsi de se fortifier pour continuer le chemin, car, comme le dit Aimé Césaire, «il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube»!
 

*Animateur en éducation populaire

Opinions Chroniques Bruno Clément

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lundi 8 janvier 2018

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