Édito

La campagne s’agite à gauche

Elections cantonales genevoises

La campagne pour les cantonales genevoises de 2018 s’anime à gauche. Lundi, le candidat socialiste Thierry Apothéloz appelait de ses vœux un front uni de l’Alternative dès le premier tour de l’élection pour le Conseil d’Etat. Ce même jour, Le Courrier apprenait que Solidarités, la plus importante composante d’Ensemble à gauche (EàG), avait écarté de la course au gouvernement sa principale figure, Rémy Pagani.

Plutôt que de lancer sa locomotive – il est conseiller administratif de la Ville de Genève depuis 2007 et réoccupera le poste de maire pour un an dès le 1er juin –, le parti a préféré proposer un ticket composé de son secrétaire Pablo Cruchon et de la députée Jocelyne Haller.

Le pari semble risqué. On entend, dans ce choix, le désir affiché de renouveler les personnalités et la volonté de mettre en avant une élue de qualité mais peu connue du grand public. Reste que se priver de l’expérience – tant militante que dirigeante – et de la capacité de rassembler de Rémy Pagani ne peut qu’étonner.

Du côté de Solidarités, on assure que la décision n’est pas une sanction contre son conseiller administratif, mais relève de la stratégie politique. Ce qu’elle démontre en tous les cas, c’est que tenter d’obtenir un siège au gouvernement cantonal n’est clairement pas la priorité de la gauche de la gauche.

Dans ce contexte, les chances de voir un front de gauche partir à l’assaut du Conseil d’Etat semblent extrêmement faibles. Même si Solidarités ne ferme pas d’emblée la porte à une alliance avec les socialistes et les Verts.

Sur le principe, l’union est électoralement payante. Mais la réalité montre que les divergences sont nombreuses et profondes entre ces partis. Et que l’alliance risque de voler en éclats à peine les urnes rangées. D’autant que la désunion frappe également les différentes formations en leur sein même. Outre les conflits qui tiraillent continuellement la coalition EàG, la bataille de la RIE III a laissé des marques chez les socialistes. Et le rejet du projet Prévoyance vieillesse 2020 par la majorité du PS genevois a provoqué de nouvelles divisions au sein de la section. Deux sujets qui ont, de plus, creusé encore la brèche entre la gauche gouvernementale et celle d’opposition.

Dès lors, une large alliance au premier tour est-elle réalisable? On en doute. Et elle ne serait même pas forcément rentable politiquement, notamment dans l’optique d’un renforcement des diverses composantes de l’Alternative au législatif.

Une campagne pacifiée aurait par contre un vrai mérite. Elle permettrait peut-être l’élaboration d’un programme commun en vue du second tour. Mais pour cela, les dirigeants de chaque parti devraient laisser de côté rancœurs et pierres d’achoppement pour se mettre d’accord sur une série de combats essentiels à mener ensemble.

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