Édito

Emiettement des partis traditionnels

Libertés et justice sociale: la surprise
Pierre Maudet, avec sa formation Libertés et Justice sociale, est porté lors de son arrivée à Uni-Mail ce dimanche à Genève. KEYSTONE
Elections cantonales genevoises

Les élections genevoises se suivent et ne se ressemblent pas. Ce week-end n’a pas été avare en surprises. La plus notable est bien sûr le carton réalisé par Pierre Maudet. L’ex-wonderboy de la politique genevoise a opéré ce dimanche un retour en fanfare. Il se place en position éligible pour le second tour au Conseil d’Etat. Ce qui était de l’ordre du prévisible. Mais, surtout, sa liste au Grand Conseil obtient le quorum de 7% de voix nécessaires pour pouvoir siéger. Un exploit. Réalisé notamment sur le dos du Parti libéral-radical qui perd des plumes dans l’affaire (-6 sièges!)

C’est à un nouveau glissement à droite du centre de gravité parlementaire que l’on a assisté dimanche. La gauche ne pèse plus que 27,6% des suffrages pour 32 sièges. La gauche de la gauche, divisée en deux listes, a une nouvelle fois buté sur le quorum. Des divisions liées à des différences de vues en matière de stratégies politiques, mais qui se sont ensuite cristallisées dans des colères féroces et des rancunes profondes. La reconstruction prendra du temps, si elle peut avoir lieu…

Résultat: un parlement tripartite, avec une Alternative rose-verte, une Entente bourgeoise (Parti libéral-radical et le Parti du Centre) et un bloc populiste (Mouvement citoyens, Union démocratique du centre et Libertés et justice sociale, la base de Pierre Maudet). Le dernier bloc, en progression nette, pesant le plus lourd en termes de voix (37 sièges)! Visiblement, les réponses à la crise économique post-Covid braillées sur le ton populiste sont celles qui font mouche.

Les traditionnelles alliances vont être relues à la lumière de ce glissement à droite. Le Centre, qui bloque l’ouverture de l’Entente bourgeoise à l’UDC, n’est plus en position de force, lui qui frise aussi le quorum. S’il veut conserver son siège à l’exécutif, il risque de devoir baster sur sa position principielle. Une droite unie serait en mesure de rafler quatre à cinq sièges sans toutefois rééditer la séquence monocolore de 1993-1997.

L’expérience a laissé un mauvais souvenir et est donc improbable. Les pressions vont être fortes. Et le «Tout sauf Maudet» au second tour au Conseil d’Etat – un repris de justice pourra-t-il siéger de manière crédible au sein de l’exécutif cantonal? – va peser de tout son poids.

Paradoxalement, la gauche, en recul dans les urnes, place ses quatre candidat·es dans des positions éligibles. Le Souverain aime bien rééquilibrer au second tour ce qu’il a déstabilisé au premier. Elle peut, au vu de l’émiettement des partis traditionnels, conserver sa majorité.

Reste à savoir si un tel gouvernement à majorité de gauche serait une bonne chose. La législature qui s’amorce se déroulera sous les auspices du moins d’impôts, du moins d’Etat et du moins de social, pour ne pas dire le chacun pour soi, sauve qui peut et Dieu reconnaîtra les siens. Faut-il y compromettre un Conseil d’Etat de gauche chargé de faire la sale besogne?

Opinions Édito Philippe Bach Elections cantonales genevoises

Dossier Complet

Elections cantonales genevoises des 2 et 30 avril 2023

mercredi 15 mars 2023
La population genevoise renouvelle ses organes exécutif et législatif en avril prochain. Des candidat·es au Conseil d'Etat sortent du bois et les partis s'organisent.

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