Jorge, l’Evangile poing levé!
Croyant ou non, catholique ou non, on ne peut que reconnaître que Jorge Mario Bergoglio fait fort et poursuit avec constance sa lecture politique – prophétique si vous préférez ce vocable, mais ça revient au même… – de l’Evangile.
Ainsi, le jésuite argentin, devenu pape sous le pseudo de François (déjà un choix révélateur!), a été particulièrement engagé dans son homélie urbi et orbi («pour la ville et pour le monde») prononcée au Vatican devant 60 000 personnes le dimanche de Pâques dernier.
François a brossé un tour d’horizon des multiples oppressions qui mutilent les humains sous nos latitudes comme au Sud présentant Jésus comme «celui qui prend en charge» toutes celles et tous ceux «qui sont victimes des anciens et des nouveaux esclavages».
S’agissant des réfugiés et des immigrés, le pape a décrit le Nazaréen comme «le pasteur ressuscité (qui) se fait compagnon de route de tous ceux qui sont contraints de laisser leur terre à cause de conflits armés, d’attaques terroristes, de famines, de régimes oppressifs. A ces migrants forcés – a-t-il ajouté – il fait rencontrer des frères sous tous les cieux, pour partager le pain et l’espérance sur le chemin commun».
Voilà ainsi proclamée une solidarité fondamentale et permanente avec les migrants, non seulement de la part de l’Eglise catholique et de son Evêque, mais de Dieu lui-même, clairement situé par le pape d’un côté et d’un seul, et non comme un eunuque planant au-dessus de la mêlée! Ce genre d’affirmation théologique, loin de toute tiédeur et prudence, est parfaitement conforme, ceci dit, à la quintessence du message évangélique1 value="1">Voir notamment l’Evangile de Matthieu, chap. 25, 31-46., n’en déplaise aux gouvernements barricadés derrière leurs barbelés réels et administratifs et à toutes les forces réactionnaires, voire fascisantes, qui sévissent un peu partout en Europe!
Voilà aussi une déclaration qui devrait entrer dans les dossiers pénaux de toutes les personnes poursuivies du fait de leur solidarité avec les exilés. Elle constitue sans détour une tendresse particulièrement manifeste à l’égard de ces gens – de Lisa Bosia Mirra au Tessin à Cédric Herrou dans la vallée de la Roya, pour ne citer qu’eux – qui ouvrent leur porte et leur cœur aux damnés de la terre parce qu’ils sont, elles et eux, concrètement, des «compagnons de route». Depuis l’homélie de François, ils savent par qui ils sont aussi accompagnés…
Notes
* Animateur en éducation populaire.
Version intégrale de l’homélie papale accessible en ligne: bit.ly/2p70c4b