«Oui» à la naturalisation facilitée de la 3e génération
Le 12 février 2017 nous sommes appelés à voter sur le principe de la naturalisation facilitée pour les jeunes de la troisième génération de migrants, concrètement les petits-fils ou petites-filles des immigrés venus en Suisse il y a 30, 40 ou 50 ans.
Qui sont-ils-elles? Ils-elles sont né-e-s ici, ils-elles ont effectué toute leur scolarité dans nos écoles et, ensuite, ils-elles ont appris un métier ou poursuivi leurs études, toujours en Suisse. Leurs parents sont aussi presque tous nés ici, ils ont également effectué une grande partie de leur scolarité en Suisse.
Ces jeunes n’ont jamais immigré, ils ne sont en rien étrangers. Ils ne sont pas non plus étrangers à notre culture, à notre langue, à nos habitudes de vie, ils participent, avec nos propres enfants et petits-enfants, à la vie culturelle, associative, sportive et professionnelle de ce pays.
Ils maintiennent parfois quelques liens avec leurs pays, langue et culture d’origine, c’est leur plus strict droit et c’est bien ainsi, pour eux et leurs familles, car cela contribue à ce qu’ils puissent grandir harmonieusement, dans le respect des mœurs d’ici sans pour autant renier celles de leurs parents ou grands-parents.
Mais aujourd’hui, ils restent étrangers, ce statut n’a aucun lien avec leur vie réelle. Notre propre législation (très stricte en matière de naturalisation) fabrique en permanence des étrangers et les maintient dans ce statut de citoyens de seconde catégorie.
Cette situation est discriminatoire, stigmatisante et inacceptable pour ces jeunes. Il est temps de reconnaître qu’ils-elles font partie de ce pays, à part entière, et, par conséquent, qu’ils-elles peuvent y exercer pleinement leurs droits (et honorer leurs devoirs) comme tout autre citoyen, se sentant pleinement acceptés et impliqués dans la vie de ce pays.
Les intégrer pleinement, ce n’est pas seulement un acte de reconnaissance de leur réalité, et même de l’apport de leurs parents et grands-parents à notre pays, mais c’est surtout un enrichissement de la démocratie. Celle-ci ne peut que sortir grandie et enrichie si tous les participant-e-s à la vie d’un pays ont la possibilité de prendre part, de plein droit, aux décisions concernant l’avenir de toute la collectivité.
Soyons clairs: ce que nous devons voter le 12 février n’est qu’un tout petit pas, symbolique. La naturalisation en soi reste, et restera, encore et toujours un parcours difficile. Le passeport ne sera ni distribué facilement, ni bradé, comme le prétendent les adversaires de la naturalisation facilitée.
Mais nous devons sans hésitation accepter ce premier pas, comme un signal fort d’intégration, parce que nous voulons une Suisse ouverte et accueillante, capable d’intégrer tous les individus qui la composent.
Votez et faites voter «oui» à la naturalisation facilitée pour les jeunes de la 3e génération.
Florio Togni est président de la Coordination Stopexclusion.