Chroniques

Un printemps en arc-en-ciel

Chroniques de résistance

En aucune saison, le «brun» n’aide à vivre les humains et la nature, mais encore moins au printemps, la saison où recommence le cycle de la vie dont le «brun» est le poison avéré! Pourtant, il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas constater avec grande tristesse que le ventre de la bête immonde est encore «fécond» un peu partout en Europe… La Hongrie est dirigée par un potentat qui casse tout ce qui pourrait représenter la liberté et la démocratie, la Pologne la suit de très près comme du reste la Slovaquie, et l’Autriche a failli se donner un président ouvertement fasciste. A l’ouest du continent, les forces de la réaction montrent leur sale museau comme Pegida et l’AfD en Allemagne, Aube dorée en Grèce, l’UKIP en Grande Bretagne, la Lega en Italie, le FN en France avec, accrochés à ses basques, les «identitaires», les anciens du GUD et les nouveaux nervis de l’Action française, l’UDC en Suisse sous le masque patelin d’un parti «comme il faut» mais campé dans la haine de l’autre, sans oublier le «retour» des organisations d’extrême droite en Belgique, Pays-Bas, Danemark, Finlande, Suède et Norvège!
Le costume trois pièces et le tailleur haute couture arborés par les dirigeants publics de toutes ces organisations dissimulent mal la chemise brune qui est dessous et le langage policé de la com’ archi briefée dérape souvent dans des invectives puantes et ordurières contre, en vrac et sans faire le détail, les juifs, les musulmans, les homosexuels, les roms, les réfugiés et immigrés, les noirs et les pauvres qui osent revendiquer leurs droits, sans parler de tout ce qui s’apparente à la «gauche», surtout quand elle est de gauche…

Plus de septante ans après le fameux «plus jamais ça!» de 1945, après tout ce que le fascisme a commis en Europe de meurtres, de destructions et de vies brisées, il y a de quoi désespérer d’une partie de nos congénères qui illustrent si douloureusement «la banalité du mal»… Ce, d’autant plus, que la «social-démocratie», devenue à peu près partout «social-libérale», n’offre aucune digue sérieuse et crédible à ces idéologies et pratiques liberticides et despotiques et n’a aucun souffle frais et puissant à opposer à ces relents nauséabonds et putrides émanant des poubelles de l’histoire…

Pourtant, le pire n’est jamais sûr et le printemps prend une revanche éclatante et odorante si l’on veut bien voir et entendre tous les mouvements citoyens qui se lèvent aux quatre coins de l’Europe. La Hongrie, la Pologne, l’Autriche voient dans leurs rues des manifs monstres d’hommes, de femmes, de tous âges et de toutes conditions, pour protester avec détermination contre cette peste brune qui les menace. Les manifs contre Pegida en Allemagne rassemblent bien plus de monde que celles du mouvement xénophobe, le peuple de Macédoine est dans les rues de Skopje chaque soir depuis le 12 avril contre son gouvernement corrompu, la France connaît un mouvement social de résistance et de revendication protéiforme tel qu’il ne s’était pas développé depuis l’hiver 1995, le peuple grec est dans la rue plus souvent qu’à son tour, les organisations se retrouvant dans l’axe «climat et justice sociale» ont mené avec succès des activités planétaires de blocage contre les énergies fossiles entre le 4 et le 15 mai avec, en Allemagne, le point fort de l’action «Ende Gelände» près de la frontière polonaise. Le 15 mai, en cette Pentecôte 2016 (date symbolique en théologie du «jour où l’on n’a plus peur et où l’on parle toutes les langues»), à l’appel de la «Nuit debout» parisienne, 300 villes de 28 pays dans le monde ont marqué par des occupations de places publiques le «Global debout!» défiant les pouvoirs et clamant leur désir et volonté d’une autre manière de vivre. Sans parler de ces milliers d’initiatives locales qui se développent partout pour construire, dès maintenant, des alternatives au capitalisme et à son «demi-frère», le fascisme! Au poète Guillevic (1907-1997), la conclusion de cette chronique: «Il s’agit de voir tellement plus clair, de faire avec les choses comme la lumière»!

* Animateur en éducation populaire.

Opinions Chroniques Bruno Clément

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lundi 8 janvier 2018

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