Contrechamp

La fin des banques?

FINANCE • Faut-il craindre l’effondrement du système bancaire mondial? Les leçons des crises cycliques passées paraissent ne pas avoir été tirées. Pourtant, se dessinent aujourd’hui, et à une échelle bien plus vaste, des symptômes identiques à ceux de la crise bancaire de 1933. Eclairage.

Depuis la crise des subprimes en 2008 et le renflouement des larges banques par la réserve fédérale (FED), rien ne permet d’affirmer que la situation économique mondiale a été assainie. Tout au contraire, un ensemble d’indicateurs laissent penser que le monde bancaire est au bord de l’abîme, «the edge of chaos» selon l’expression du spécialiste des systèmes Christopher Langton1 value="1">Cité par John Mauldin, « Central Banks, Complexity, and Economic Collapse » on http://www.forbes.com/sites/johnmauldin/2014/11/25/on-the-verge-of-chaos/ .

Certains se veulent rassurants, cependant que la chute des cours du brut fait craindre un choc pétrolier à l’envers qui mettrait en faillite une section importante du secteur énergétique, celle du fracking (fracturation hydraulique) ainsi que les Etats américains dépendant de ses revenus2 value="2">En Louisiane, Texas, Dakota du Nord, Wyoming, Oklahoma. Voir Manny Fernandez et Jeremy Alford, « Some States See Budgets at Risk as Oil Price Falls » in New York Times, 26 décembre 2014, http://www.nytimes.com/2014/12/27/us/falling-oil-prices-have-ripple-effect-in-texas-louisiana-oklahoma.html?_r=0 . D’autres, Steve Forbes et Elizabeth Ames en tête, mettent en garde contre l’effondrement du système économique mondial et suggèrent un retour au Gold Standard3 value="3">Steve Forbes, Forbes magazine, milliardaire et membre d’une vingtaine de conseils d’administration (CATO, Heritage,…), auteur avec Elizabeth Ames de : Money, how the destruction of the Dollar threatens the global economy, and what we can do about it, http://www.forbes.com/books/money-by-steve-forbes/ . Y’a-t-il des raisons de faire confiance aux uns plutôt qu’aux autres? La bourse américaine n’a-t-elle pas connu une embellie en cette fin 2014?4 value="4">http://www.nasdaq.com/article/closing-update-dow-ends-shortened-session-at-new-record-but-late-selling-drags-sp-500-to-small-loss-cm426809 Ceux qui crient au loup, comme Steve Forbes et les autres libertaires, ne sont-ils pas les acteurs d’un capitalisme géré par des trusts, pour le compte de corporations et multinationales dont ils sont les actionnaires?

Au milieu du XIVe siècle, la République de Sienne avait sombré après que ses magistrats eussent renfloués leurs banques, précipitant la fin de l’expérience démocratique italienne. Au printemps 1933, ce sont les Etats européens, et non les banques, qui ont essuyé des pertes astronomiques causées par leur élite financière. Par la suite, cette élite financière avait obtenu, par l’entremise des milieux politiques concernés, l’échec du Glass-Steagall Act (1933), limitant les possibilités de régulation5 value="5">On relira Marcus Nadler et Jules I. Bogen, The Banking crisis, the end of an Epoch, New York, Dodd, Mead&Co, 1933. L’abrogation du « Banking act » surviendra définitivement en 1999. . Or, si les leçons des crises cycliques passées paraissent ne pas avoir été tirées6 value="6">Lire Steve Keen, « Hindsight on the origins of the global financial crisis ? » in Steve Kates, The Global Financial Crisis, What have we learnt ?, Edward Elgar, Northampton, Mass., 2011., la perte de confiance en ce système pourrait avoir aujourd’hui des conséquences bien plus dramatiques7 value="7">Scénario du « Big Bang » de Bryan Kelly, véritable coup d’état financier avec le remplacement du dollar par le bitcoin. http://www.briankellycapital.com/bitcoin-big-bang/ .

En écho à 1933, aucun pilote ni aucune instance n’est aujourd’hui capable de conduire à l’adoption de régulations crédibles afin de juguler les «fonds spéculatifs» et le «financial engineering». La promesse de voir les banques scinder leurs activités commerciales et d’investissement reste un mirage. Après avoir augmenté leur ligne de crédit de manière démesurée, les grandes banques ont accepté le rôle de prêteur de dernier ressort de la FED et ce, non seulement aux Etats-Unis, mais ailleurs dans le monde, y compris en Suisse8 value="8">Leo Panitch and Sam Gindin, The Making of Global Capitalism, the political economy of American Empire, New York, Verso, 2013, p.323. .

Tout en accroissant la masse monétaire de façon disproportionnée, réduisant de cette façon le coût de leur dette abyssale, le trésor américain a renoncé à assainir un système fondé sur des vides et les lacunes juridiques (loopholes) qui favorisent l’évasion fiscale organisée9 value="9">Lester Henry, One Huge « Minsky Moment : lessons from the financial crisis » in Social and Economic Studies, Vol. 58, No.2, June 2009, pp.77-89. La concentration du capital n’a jamais été si prononcée: après s’être repus des dépouilles de leurs concurrents, JP Morgan et Goldman Sachs, ainsi que leurs trois concurrents directs gèrent aujourd’hui près de la moitié des actifs aux Etats-Unis, accumulant profits et bénéfices. Comme le rappelle Nomi Prins: «By 2013, the major global banks were sitting on nearly $ 3.3 trillion of excess reserves, refusing to share their governement aid with the citizens of the world»10 value="10">Nomi Prins, All the President’s bankers, the hidden alliances that drive american power, New York, Nation Books, 2014, p. 419 .

Les capitaux investis pour renflouer les banques depuis six ans n’ont pas permis la croissance de l’économie réelle, traduit par l’élévation de la production industrielle. L’indice de concentration de la capitalisation boursière indique que les cent premières sociétés boursières représentent plus de 60% du capital total sous gestion; un autre indicateur est celui de la capitalisation différentielle qui est le ratio de la capitalisation boursière moyenne par société. Celui-ci révèle une tendance aussi marquée à la concentration des capitaux11 value="11">Voir l’analyse proposée par Jonathan Nitzan et Shimshon Bichler, Le capital comme pouvoir, une étude de l’ordre et du créordre, Paris, Max Milo, 2012. . Avec deux effets: le premiers concerne la baisse du taux de renouvellement, qui affecte la mise à disposition des capitaux là où ils sont requis et accroît l’écart entre le taux de productivité et les salaires réels12 value="12">Selon Prakash Diwan, Head, institutional sales and strategy, Networth Stock Broking. . Cette concentration accroît ainsi l’inégalité entre les plus hauts et plus bas revenus13 value="13">Voir le rapport du Pew Research Center : « America’s wealth gap between middle-income and upper-income families is widest on record » 17 décembre 2014, http://www.pewresearch.org/fact-tank/2014/12/17/wealth-gap-upper-middle-income/ .

Un second facteur, conséquence de la désindustrialisation, est la décapitalisation de l’Occident. Les Etats-Unis n’ont de cesse de clamer une croissance supérieure à l’Europe et des résultats de chômage au-dessous de la barre des 6%. Selon de nombreux observateurs, ces chiffres ne reflètent en rien la situation réelle, ces statistiques sont biaisées et ne disent pas les conditions fragiles des fondamentaux de son économie. Ce que Phil Grant appelle «Deceptive Statistics»14 value="14">Phil Grant, « Deceptive Statistics » in The Ellsworth American, 14 novembre 2014. http://www.ellsworthamerican.com/opinions/commentary/deceptive-statistics/ . Outre l’absence quasi complète d’investissement dans les infrastructures, les Etats-Unis ont précarisé un large segment de leurs travailleurs, de plus en plus désyndicalisés15 value="15">Entre 1966 et 2011, le taux de syndicalisation est passé de 30% à 12%, un déclin unique au sein du groupe des pays les plus industrialisés. . Une part importante de la classe moyenne s’est vue ainsi lentement paupérisée, incapable de payer loyer, crédits et emprunts. La dette des étudiants est estimée à 1000 milliards de dollars, l’équivalent de ce que le Congrès vient de voter en rallonge budgétaire afin de permettre au gouvernement de fonctionner jusqu’à la fin du printemps 201516 value="16">Selon le sociologue David Fasenfest, « The legacy of debt » sur http://crs.sagepub.com/content/40/5/651.full.pdf.

Le mythe d’une «ré-industrialisation» des Etats-Unis est entretenu le temps de faire oublier la faillite des Etats et des villes manufacturières américaines qui, à bout de souffle, ne parviennent plus à payer leurs fonctionnaires17 value="17">Après Détroit, ce sont les principaux état du centre et la Californie qui doivent recourir à la loi sur les faillites. Avec l’effondrement du cour du pétrole les effets se feront sentir sur une dizaine d’autres états, voir note supra no 2. . Personne ne semble reconnaître qu’un nombre de plus en plus important d’Américains ne parviennent plus à rembourser ses dettes. On estime qu’entre 2013 et 2017, ce sont 4 mille milliards de dettes supplémentaires qui devraient pourtant venir s’ajouter à celles existantes18 value="18">Dimitri Papadimitriou, « The coming tsunami of debt and financial crisis in America », http://www.theguardian.com/money/2014/jun/15/us-economy-bubble-debt-financial-crisis-corporations .

Le dernier rapport de l’Organisation mondiale du travail (OIT) confirme que la progression des salaires est en cours dans les pays émergents du G20, et non dans la zone euro-atlantique, conditions d’une récession durable19 value="19">ILO, « Global Wage Report 2014/2015 » on http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_324645/lang–en/index.htm . Selon l’économiste Richard Wolff, ceci s’accompagne d’une fuite inévitable du capital hors des pays industrialisés bientôt criblés de déserts industriels comme Détroit ou Baltimore à l’horizon 202020 value="20">http://www.rdwolff.com/content/richard-wolff-real-news-network-employment-upswing-not-here-stay . L’écart de la balance des comptes courants entre la Chine et les Etats-Unis avoisinera les 1600 milliards de dollars en 2015, un écart qui n’était «que» de 600 milliards en 200921 value="21">Sources IMF, tiré de « Global Shift, how the west should respond to the rise of China », Transatlantic Academy, 2011. . Ces chiffres indiquent sans équivoque où sont les capitaux et qui détient la puissance d’investissement.

Troisième facteur: l’inflation du capital à perte. La crise bancaire de 1932-1933 avait été précédée, tout comme elle l’a été entre 2009-2014, d’un recours artificiel à l’inflation par la FED créant les conditions d’une bulle spéculative22 value="22">Marcus Nadler and Jules I. Bogen, op. cit., p.7. C’est vers le rôle de la réserve fédérale US qu’il faut se tourner pour comprendre comment, depuis septembre 2012, celle-ci a été autorisée à augmenter de près de 250% l’impression de dollars en pratiquant le «quantitative easing». Or, la fin de cette opération, conjuguée à l’abandon de rachat d’actifs, présente le risque d’un tarissement, voire d’une mauvaise répartition des liquidités23 value="23">En période d’instabilité, le marché obligataire est considéré comme un refuge, mais ce dernier ne présente pas une forte « liquidité ». .

Les membres de l’Eurogroupe sont, quant à eux, enlisés dans leurs politiques budgétaires divergentes et n’ont trouvés aucun compromis viable. Les prêts assurés à la Grèce par l’UE seront probablement insuffisants à relever l’économie grecque. L’Italie, l’Espagne, et bientôt l’ensemble de la zone euro qui prendrait le même chemin, donneraient le coup de grâce de la monnaie unique24 value="24">Dès janvier 2015, c’est la banque central européenne qui semble-t-il devra se lancer dans une opération de quantitative easing en achetant des bonds du trésor afin de fournir des liquidités et éviter une déflation catastrophique. http://www.theguardian.com/business/2014/dec/12/eurozone-deflation-looms-quantitative-easing-is-the-answer . Le service de la dette des principales puissances industrielles affecte quant à lui de plus en plus la balance des paiements, en réduisant d’autant le levier fiscal25 value="25">La dette représente 110% du PIB. Ce chiffre a doublé ces quatre dernières années. Pour le détail de décembre 2014 voir : http://www.federalreserve.gov/releases/z1/current/coded/coded.pdf . La baisse du prix du pétrole a pu agir temporairement sur la croissance de la consommation et le S&P 500, mais ce sursis pourrait n’être que très passager26 value="26">La chute du pétrole de $107 à $54, avec 80ct de baisse du prix au gallon représente $100 milliards d’économies pour les ménages. Sachant que cette consommation représente 70% du PIB, cela représente /agit ? encore mieux que le quantitative easing en matière de relance. .

Deux incertitudes de taille: l’instabilité engendrée par le bras-de-fer économique avec Moscou qui a conduit à une ruée sur les bons du trésor américains évoque une guerre économique à demi-déclarée27 value="27">La Russie vend aujourd’hui ses dollars pour de l’or, portant ses réserves vers des sommets historiques. Cet or est utilisé pour assurer les transactions avec la Chine et les pays du BRICS, ce qui laisse cour aux prévisions les plus folles, y compris celui d’un « goldtrap » piège dans lequel serait tombé l’Occident qui voit ses réserves fondre. Voir Dimitri Kalinichenko, « Grandmaster Putin’s Golden Trap », Gold-Eagle, 23 novembre 2014, http://www.gold-eagle.com/article/grandmaster-putins-golden-trap . Les obligations du secteur énergétique, qui comptent pour 16% du marché américain, sont susceptibles d’essuyer les contrecoups d’une baisse prolongée des cours du pétrole. Le dilemme est posé: soit le cours monte et il tue la croissance, soit il baisse et il créé une vague de faillites pour les entreprises engagées dans l’exploration des gisements de gaz de schiste28 value="28">L’annonce du renoncement au forage par fraction hydraulique par le gouverneur de l’Etat de New York donne un indice quand à la faible durée du rêve de l’indépendance énergétique américaine. D’ici peu on peut s’attendre à une prise de conscience des risques environnementaux induits par cette technique. . Ce dernier scénario équivaudrait à un «choc pétrolier à l’envers»29 value="29">« De la chute du pétrole pourrait jaillir le prochain krach, selon certains opérateurs » in Les Echos, 15.12.2014 sur http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/analyses-opinions/de-la-chute-du-petrole-pourrait-jaillir-le-prochain-krach-selon-certains-operateurs-1020118.php . Quelle que soit la direction prise, le résultat serait sensiblement le même.

Si les origines des maux présents plongent dans les cycles de crises antérieures, dont la plus retentissante fut celle qui conduisit le monde financier et le système capitaliste au bord de l’abîme en 1933, on peut légitimement questionner les interprétations données par ceux-là même qui, comme Warren Buffet ou Steve Forbes, attribuent tous ces troubles à une intervention jugée illégitime des Etats dans l’économie30 value="30">On relira Marcus Nadler and Jules I. Bogen, The Banking crisis, the end of an Epoch, New York, Dodd, Mead&Company, 1933. Voir les prédictions de Buffet sur: http://theeconomiccollapseblog.com/archives/tag/warren-buffett .

Une telle idéologie qui néglige les composantes sociale et humaine du marché apparaît aujourd’hui, au travers des péripéties anciennes et plus récentes, aussi aberrante qu’erronée31 value="31">C’est précisément la réflexion de Samuel Michael Natale et Sebastian A. Sora, « Ethics in Strategic Thinking : Business Processes and the Global Market Collapse » in Journal of Business Ethics, Vol. 94, No.3, July 2010, pp.309-316. Les «mythes» entretenus par la même oligarchie financière, qui nourrit la peur d’une «destruction du dollar», participent à une mauvaise compréhension des maux actuels32 value="32">Steve Forbes et Elizabeth Ames de : Money, how the destruction of the Dollar threatens the global economy, and what we can do about it, http://www.forbes.com/books/money-by-steve-forbes/ ; interview par Caleb O. Brown, CATO institute https://www.youtube.com/watch?v=Pw8zB7QzvT4 ; conférence à la Heritage Foundation (ajoutée le 11 décembre 2014) : https://www.youtube.com/watch?v=1Oh6PTQ8occ . . C’est bien d’avantage les agissements de ces mêmes oligarques et la perte de confiance dans un système corrompu qui en seraient la cause. Le Pr John K. Galbraith avait très tôt su expliquer combien le dogme libéral servait d’alibi à une société «qui abhorre l’existence du pouvoir, conteste sa possession mais honore ceux qui en usent.»33 value="33">Son ouvrage : American capitalism. The Concept of Countervailing Power, 1952

Quant à ceux qui s’intéressent aux raisons profondes de la faillite actuelle, notamment celle de la théorie de la croissance illimitée, comme Kerryn Higgs, ils ont de la peine à se faire entendre34 value="34">Kerryn Higgs, Collision Course, Endless Growth on a Finite Planet, Boston, MIT Press, 2014. . On ferait bien de relire les thèses de Domenico Losurdo ou de Georges Corm afin de s’interroger sur le mode de gestion du capital et de comprendre comment il est devenu un test pour nos valeurs démocratiques et le fonctionnement du circus politique35 value="35">Domenico Losurdo, Liberalism : A counter-History, London, Verso, 2011 ; Dmitry Orlov, Reinventing Collapse The Soviet Experience and American Prospects, Gabriola Island, New Society Publishers, annonce que les Etats-Unis souffre des même maux que ceux qui mena l’URSS à sa chute, Georges Corm, Le nouveau gouvernement du monde, Paris, La Découverte Poche, 2013.. Le constat des Prs Martin Gilens et Benjamin I. Pages est sans appel: les Etats-Unis ne sont plus, selon eux, une démocratie mais une oligarchie36 value="36">Martin Gilens and Benjamin I. Page, « Testing theories of American Politics : Elite, INterest Groups, and Average Citizens » in Perspectives on Politics, Vol. 12, Issue 3, Septembre 2014, pp.564-581. .

Le spectre qui guette à l’horizon tient donc autant à des facteurs structurels anciens qu’à la fébrilité des marchés et à leur vulnérabilité face à un choc extérieur qui viendrait faire s’écrouler ce château de cartes37 value="37">Personne n’a encore pu donner une explication quant à l’achat massif par la Belgique de Bons du trésor américain sur le premier trimestre 2014 qui fait de ce petit pays le troisième détenteur de la dette U.S. . On aimerait donner tort à Robert A. Wiedemer, Martin Armstrong et autres cassandres qui annoncent un effondrement imminent du système financier38 value="38">Robert A. Wiedemer, Aftershock : Protect Yourself and Profit in the Next Global Financial Meltdown, John Wiley&Sons, Hoboken N.J., 2014 ; Selwyn Duke, « Prediction : Economic Collapse, Civil Unrest in America by 2016 » in New American, 07.11.2014, http://www.thenewamerican.com/economy/commentary/item/19480-prediction-economic-collapse-civil-unrest-in-america-by-2016. Sans parler de ceux qui y voient l’avènement d’une nouvelle ère économique dominée par le Bitcoin39 value="39">C’est le scénario de Brian Kelly, dont il était question dans l’introduction. Le Bitcoin a été reconnu par le U.S. Internal Revenue Service (IRS) cette année ; cette crypto-devise est sensée remplacer le banquier par un ordinateur. .

Un délai de treize années s’était écoulé entre les premiers signes et le cataclysme bancaire de 1933. Les carences structurelles n’ont jamais été traitées depuis lors. Depuis l’échec du Glass-Steagall Act (1933), les milieux financiers ont réussi à sursoir la mise en application de lois de régulations et de supervisions au nom de la liberté du marché40 value="40">Comme le soulignaient pourtant Marcus Nadler et Jules I. Bogen en 1933, le Glass Act « should constitute only the first step. It will not eradicate those basic structural weaknesses which explained in large measure the feebleness of the American banking system in meeting depression conditions. » in op. cit. p.189. . Ce sont pourtant les mêmes symptômes que l’on connaît aujourd’hui et à une échelle bien plus vaste. En décembre 2014, c’est au tour du Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de 2010 d’avoir été sacrifié par le Congrès41 value="41">http://www.usnews.com/news/articles/2014/12/10/budget-deal-may-not-be-an-early-xmas-present-for-wall-street . La décision était symboliquement assortie d’une élévation des plafonds des contributions aux candidats des partis, applicable pour les futures élections.

Le Big Bang financier, s’il devait se produire, marquerait non pas uniquement la fin du système bancaire actuel et le recours à un nouvel étalon numérique, mais ouvrirait une ère dans laquelle la «confiance» n’aurait plus cours au sein des transactions boursières, gérées par ordinateur et sans intermédiaire, ni banquier42 value="42">« Bitcoin set to take over the financial world : Book », CNBC, 01.12.2014, Revue du livre de Brian Kelly, note supra 47, http://www.cnbc.com/id/102227296#. . Ce moment représenterait la victoire complète et sans doute irréversible du marché désincarné sur l’homme faillible et corruptible, donnant naissance à une forme inédite de technocratie financière.

* Jérôme Gygax PhD, chercheur associé à la fondation Pierre du Bois.
 

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