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Les assistants à l’intégration scolaire: autres victimes de l’école inclusive

GENÈVE • Les assistants à l’intégration scolaire, qui accompagnent les élèves du primaire souffrant de troubles autistiques, travaillent en emplois de solidarité (EdS). Des conditions de travail inacceptables, pour la Société pédagogique genevoise (SPG).

Le dossier des emplois solidarité (EdS) est sous le feu de l’actualité genevoise, notamment à propos de la grève à l’association Partage. Au Département de l’instruction publique (DIP), les postes d’assistants à l’intégration scolaire (AIS) sont des EdS. Sont-ils mieux lotis que leurs collègues de Partage? Certainement pas! Et pourtant, l’école inclusive ne pourrait pas se développer sans leur aide.

Une classe accueille un élève à besoins spécifique. Il souffre de TSA, autrement dit trouble du spectre autistique, pour ceux qui ne sont pas encore habitué à ce sigle. Il est accompagné en classe par un AIS. Présent de 8 h à 18 h (il faut bien que quelqu’un accompagne l’élève au parascolaire, et il n’y a personne d’autre pour prendre le relais à midi), cette personne est indispensable à l’intégration de cet élève. Les rares moments où elle n’est pas là (il faut tout de même qu’elle respire), la classe devient simplement ingérable. Cet accueil se fait aux conditions de travail largement décrites dans la presse de ces dernières semaines, c’est-à-dire inacceptables.

La SPG s’et toujours montrée pour le moins réticente à cette solution. Cela lui a souvent été reproché par le département, trouvant contradictoire que les enseignants demandent de l’aide et refusent finalement celle qui leur était offerte. Attitude paradoxale? En apparence seulement. D’une part, la SPG a toujours été attentive aux conditions de travail de tous les travailleurs dans l’enseignement primaire. Et concernant les AIS, il y a de quoi dire! Salaire inconsistant, mission difficile sans les moyens de la réaliser, horaires de travail dépendant de la demande, accompagnement plus que formation certifiante. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on peut faire mieux! D’autre part, il serait faux de cautionner ces moyens, alors que le projet ambitieux de l’école inclusive mérite mieux que cela. Certes, ces personnes sont indispensables, et les collègues qui profitent de leur action ne pourraient certainement pas intégrer des élèves à besoins spécifiques sans cette aide. Mais c’est un vrai travail, qui demande des compétences professionnelles avérées. Si ces personnes s’intéressent à l’encadrement des élèves à besoins spécifiques, c’est formidable! Formons-les pour qu’elles soient mieux outillées (dans tous les sens du terme) afin d’être encore plus efficaces dans leur action, catégorisons-les dans une vraie fonction et payons-les en conséquence. Bref, donnons-leur une vraie situation professionnelle! Pour ces personnes, un EdS peut être important et constituer un tremplin vers une situation professionnelle plus stable et mieux payée, pour autant que l’Etat, le DIP en l’occurrence, leur offre des conditions nécessaires à cette évolution. Encore une fois, on est loin du compte.

Evidemment, ce volet nous ramène au dossier de l’école inclusive. Cette année, le projet se poursuit avec l’inclusion des élèves TSA (quelle horrible manière de qualifier des individus)! Dans bien des situations, ils sont à peu près livrés aux seuls soins de l’enseignant. Selon le DIP, l’inclusion des élèves TSA passe uniquement par le site Cap Intégration, qui a complété son information avec une entrée sur l’autisme. Ainsi, les enseignants peuvent en tout temps se renseigner sur cette maladie et la manière dont les jeunes qui en souffrent réagissent et se comportent. Le DIP peut se frotter les mains, le problème est résolu! La SPG, consultée sur le sujet, a demandé un accompagnement, même léger, des collègues qui accueillent ces élèves, parce que ce sont des situations très lourdes à gérer au quotidien. Le département n’a pas tenu compte de cet avis. Au contraire, méprisant l’avis de la SPG, puisqu’il n’a jamais été mentionné nulle part dans un rapport ou en séance, le département s’est félicité de cette avancée de l’école inclusive. Tout va bien depuis les bureaux feutrés du DIP, mais sur le terrain, les collègues doivent faire face à des situations très compliquées à gérer, voire impossibles et surtout usantes.
 

Texte paru dans L’Educateur du 25 octobre 2013, revue du Syndicat des enseignants romands.

Opinions Agora Laurent Vité

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