Chroniques

Managua déplace des montagnes (de déchets)

D’OUTRE-ATLANTIQUE

La Chureca a changé, mais les corbeaux tournoient toujours au-dessus d’elle. Et l’odeur qui s’en élève, indescriptible, est inhalée en permanence par ses habitants (entre 1000 et 1500). Avec ses 40 hectares d’immondices accumulés depuis 1973, elle a longtemps été sacrée «plus grande décharge à ciel ouvert d’Amérique centrale». Elle inspire des images de damnation moderne.

Depuis trois ans, ce lieu d’un autre âge fait l’objet d’un projet de réhabilitation. Les qualificatifs changent. Grâce à la coopération espagnole, Managua disposera désormais de la plus grande installation de traitement des déchets solides d’Amérique centrale, annonçaient, le 23 novembre dernier, ministres et vice-ministres de l’environnement venus du Honduras, Costa Rica, République dominicaine, etc. Une installation d’une capacité de 140 tonnes de déchets à l’heure. Le jour même, quelque 140 pepenadores («ceux qui fouillent les déchets» pour se nourrir, se vêtir, fêter Noël…) menaient les premiers essais, à vide.

Ils et elles sont pourtant plus d’un millier à vivre encore dans la Chureca et seules 450 personnes seront employées dans l’installation. Au programme de ce projet de titans, il faudra choisir les heureux élus en évitant par exemple les tensions entre les «indigènes» de Managua et les «étrangers» venus d’ailleurs, ramener vers un cursus de formation des enfants qui n’ont quasiment pas fréquenté l’école, réintégrer cette petite société informelle dans la grande, remplacer le crack par d’autres dignités. Etc., etc., etc.

* Journaliste au Courrier, actuellement au Nicaragua.

Opinions Chroniques Dominique Hartmann

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