Édito

Le quatrième pouvoir baisse sa garde

Indispensables à la démocratie, les médias d’information ont encore baissé en qualité, selon une étude de l’université de Zurich. En même temps, le public s’informe moins à travers la radio, la télé et la presse. Ces constats sont d’autant plus inquiétants que la tendance s’apparente à une lame de fond. Les éditeurs auront beau démentir en affirmant que leurs produits sont excellents, l’étude ne fait que confirmer un sentiment de malaise généralisé: le quatrième pouvoir faiblit. L’analyse de la couverture de la campagne sur l’expulsion des criminels étrangers montre que la leçon du précédent sur les minarets n’a pas été tirée. Fascinés par la provoc’, les médias ont une fois encore offert un boulevard au populisme. Le manque de contre-argumentation sur le fond face à la propagande la plus crasse fait écho à une critique plus générale de l’étude. L’infodivertissement (sport, people, etc.) prend toujours plus le pas sur les sujets dits sérieux. Et quand les nouvelles relayées sont pertinentes à l’aune du débat démocratique, elles sont toujours moins mises en perspective. Les médias alignent les nouvelles comme des noix sur un bâton, faisant subir au public le flot d’informations qu’ils ne digèrent plus eux-mêmes. La machine s’emballe, en particulier sur internet où la production de news est soumise au diktat de l’immédiateté. Rapidité, goût des rédactions pour la polémique, course au scoop: le risque de manipulation s’accroît. L’étude quantifie en outre l’influence des services de communication des entreprises. Ceux-ci ont suscité environ 40% des reportages sur des firmes examinés. Pis, dans 56% des cas, l’article reprend simplement l’interprétation de l’entreprise. Une enquête publiée récemment par Edito+Klartext, le magazine des médias, montrait comment Bayer avait incité plusieurs journalistes à parler d’endométriose au moment où l’entreprise pharmaceutique mettait sur le marché un nouveau médicament. Pourquoi pas, pour autant que le traitement ait prouvé son efficacité et son utilité. En l’occurrence, aucun des articles n’a mentionné le caractère controversé de ce nouveau produit. L’an prochain, les chercheurs vérifieront si la concentration de la presse a un impact sur la diversité de l’information. Un travail d’observation essentiel: Tamedia truste trois quarts du marché en Suisse romande et presque la moitié outre-Sarine.

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