Une première suisse. Le Tribunal cantonal de Zoug est entré en matière sur une plainte climatique de quatre pêcheurs de l’île indonésienne de Pari contre le géant cimentier Holcim. Très concrètement, la région de ces plaignants est tout simplement menacée de disparition: 11% de sa surface a déjà été engloutie pour cause de réchauffement climatique et d’inondations à répétition; elle pourrait être totalement annihilée à l’horizon 2050.
Un recours est d’ores et déjà annoncé par Holcim. C’est que l’enjeu est de taille. Selon le Giec, l’existence de cinq états insulaires – les Maldives, les Tuvalu, les Iles Marshall, Nauru et Kiribati – est menacée d’ici à 2100. Soit 600 000 réfugié·es climatiques en devenir. On n’imagine même pas l’impact d’une montée massive des eaux sur des régions côtières comme le Bangladesh et ses 174 millions d’habitant·es!
A Zoug, le prétoire a chauffé. Le cimentier suisse a oscillé entre le juridiquement étroit – ce n’est pas à la justice de trancher sur l’acceptabilité des émissions de gaz à effet de serre –, jusqu’au désespéré – on n’est pas les seuls à émettre du CO2 –, en passant par le cynique – de toute manière, ces régions sont condamnées.
Cet arrêt est donc d’importance. Il braque les projecteurs sur un des secteurs responsables du réchauffement climatique moins bien identifié que le trafic aérien ou automobile, mais responsable de 8% des émissions de CO2. En Suisse romande, l’occupation du Mormont avait déjà sensibilisé le grand public à cet enjeu de la filière du béton; l’arrêt de Zoug a été repris largement dans la presse internationale. La sensibilisation à la crise climatique progresse. C’est une bonne nouvelle.