Édito

La justice passe par la sobriété et par le vote

La justice passe par la sobriété et par le vote
La justice climatique était au cœur des revendications samedi à Berne. KEYSTONE
Climat

Jeunes et femmes en tête, quelque 60’000 personnes ont défilé samedi dans les rues bernoises pour la défense du climat, évalue l’Alliance climatique organisatrice. Rapportée à d’autres populations, la manifestation aurait mobilisé 360’000 personnes en Espagne ou 480’000 en France. La justice climatique était au cœur des revendications.

Des manifestant·es ont notamment dénoncé l’échec du Conseil des Etats, occupé la semaine dernière à réviser la loi CO2 – maintenant par exemple à deux tiers seulement les réductions d’émissions à opérer en Suisse, un tiers pouvant être compensé à l’étranger. Pour les manifestant·es, et notamment les jeunes, l’avenir passe aussi par une sobriété. Ils prennent pourtant Easyjet, susurrent les voix moralisatrices – et démobilisatrices. Sans doute. Tout comme leurs aîné·es. Mais ils et elles renoncent aussi à acquérir une voiture à l’âge où leurs prédécesseur·es s’en faisaient une fierté et ce, même à l’heure de penser «enfants» qu’ils et elles transporteront en vélo cargo. Ils questionnent aussi très sérieusement les modèles actuels d’accumulation et de consommation, élément clé de la lutte contre l’exploitation de la planète, et de la justice entre pays du Sud et pays du Nord.

Cette sobriété que les militant·es du climat réclament au fil de leurs manifestations est aussi le creuset d’une convergence possible entre les classes sociales moyennes – réputées plus sensibles aux enjeux climatiques – et les classes plus précaires. C’est là que les préoccupations climatiques des unes épousent les préoccupations économiques des autres: gageons que le gaspillage alimentaire ne concerne pas pareillement toutes les cuisines. Parce qu’elles sont contraintes, les secondes seraient-elles moins bénéfiques au climat?

C’est l’un des enseignement de la crise dite des «gilets jaunes» en France, où la logique d’opposition avait culminé, le soulèvement contre l’augmentation du prix du carburant étant lu comme un égoïsme climatique. En réalité, outre l’abandon de cette taxe carbone, les gilets jaunes réclamaient aussi une économie relocalisée qui n’oblige personne à parcourir des milliers de kilomètres par an pour aller travailler. Ce type de demande émane aussi des militant·es du 30 septembre.

A trois semaines des élections nationales, les appels à voter ont été nombreux sur la Place fédérale. De quoi retourner peut-être les pronostics actuels, qui verraient se renforcer la droite parlementaire, celle à qui l’on doit entre autres l’extension prévue des autoroutes. Elles coûtera des milliards qui pourraient être autrement utiles à la protection du climat.

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