Le caractère cyclique de la maternité règne sur l’expérience décrite dans Tambora d’Hélène Laurain, distingué par la mention spéciale du Prix Wepler: les grossesses, les fausses couches, les bébés, les douleurs, les bonheurs. Une mère qui n’est pas seulement mère mais aussi femme, écrivaine, voisine, patiente, soumise, reine, compose avec toutes ces casquettes pour tenter de comprendre la maternité en général et la sienne en particulier.
L’autrice offre au lecteur un accès privilégié à ses bouleversements intimes, qui lui font ressentir qu’être maman est à la fois la meilleure et la pire chose dans une vie. Cette ambivalence est exprimée par une forme audacieuse, structurée en cycles composés de poèmes, de narrations, de phrases interrompues, d’inattendus sauts à la ligne. L’exploration personnelle de la narratrice, passant par le dégoût de soi ou le deuil d’un bébé, met en évidence l’universalité de l’expérience maternelle et féminine, en repoussant les limites du discours sur la maternité, peu traité en littérature.
Tambora est le nom d’un volcan en Indonésie et ce titre convient particulièrement au rythme irrégulier d’un texte éruptif des confessions hardies de la narratrice, qui n’hésite pas à réduire son mari au simple rôle d’«accompagnant». En explorant la maternité et ses tabous, Laurain ouvre son récit à une réflexion plus vaste, des traces du quotidien à la réflexion ontologique. Voilà peut-être la principale originalité d’une œuvre dont l’autrice ne cesse de s’émanciper d’elle-même.
Ces chroniques ont été écrites par des étudiant·es en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre de l’atelier d’écriture animé par Marko Vuketic et Pierre Bellon.