Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Seymaz-Sud: coup de force permanent de l’immobilier

Le logement en question

Les milieux immobiliers remettent en cause les outils juridiques pour lutter contre la spéculation foncière. Le déclassement du secteur de Seymaz-Sud à Chêne-Bourg est au cœur de cette attaque. Leurs représentants politiques au Grand Conseil genevois font un chantage: ils n’ont accepté de densifier en zone de développement qu’une petite partie des terrains des Corbillettes au Grand-Saconnex, à la condition que le canton donne en pâture aux promoteurs et aux propriétaires une zone off-shore sur la Rive gauche: Seymaz-Sud.

• Un accord CGI/PLR et Pic-Vert/UDC sur le dos de la population. Pour mieux saisir les ressorts de cette affaire, il faut se replonger dans les débats qui ont concerné le déclassement du secteur des Corbillettes. Le PLR et la Chambre immobilière (CGI) étaient alors sous pression de l’UDC et de l’association Pic-Vert lors des débats sur le plan directeur cantonal 2030, il y a une dizaine d’années. Pic-vert mobilisait fortement les petits propriétaires de villas. La CGI était gênée dans son action par les intérêts divergents de deux de ses composantes: sa section de petits propriétaires et les bailleurs/promoteurs. Les premiers cherchant à maintenir les villas, les seconds à les détruire pour construire des immeubles de rendement.

Feu Benoît Genecand – ancien président de la CGI et alors député PLR au Grand Conseil – a cherché à dépasser cet antagonisme à l’occasion du débat sur le déclassement des Corbillettes au Grand-Saconnex. Il s’agissait de réduire de moitié la taille du secteur, atténuant ainsi la fronde des petits propriétaires, et de poser le principe qu’un autre secteur serait déclassé ailleurs en zone ordinaire, permettant aux promoteurs de réaliser des profits extra en guise de compensation.

La réconciliation «petit propriétaires-promoteurs/bailleurs» s’est faite au détriment de toute la population, la «solution» aggravant la crise du logement. Les petits propriétaires ont obtenu de facto un délai de dix ans supplémentaire du fait de péripéties parlementaires. Les déclassements des Corbillettes et de Seymaz-Sud ont en effet été adoptés, selon la mouture CGI/Pic Vert, le 2 octobre dernier.

• Une zone ordinaire à Seymaz-Sud pour un maximum de profits. Déclasser en zone ordinaire signifie laisser le champ totalement libre aux propriétaires et aux promoteurs. Ceux-ci pourront construire très cher, en ne respectant aucune des règles destinées à lutter contre la spéculation et à construire des logements répondant au besoin de la majorité de la population (loyers et prix).
Les milieux immobiliers n’ont pas choisi Seymaz-Sud par hasard. C’est un secteur particulièrement bien situé, à côté d’une gare du Léman express, le long de la Seymaz, une rivière renaturée par l’Etat il y a une vingtaine d’années. La collectivité investit en infrastructures, puis les milieux immobiliers engrangent les profits: une sorte de détournement de fonds publics.

Il ne fait pas de doute que les futurs logements seront des PPE de haut standing puisque rien n’oblige les promoteurs à construire du locatif ou de la PPE aux prix contrôlés. En général, le prix au m2 des logements en PPE sont 57% plus élevés en zone ordinaire qu’en zone de développement (Ocstat 2023). Comme le secteur est très bien situé, les futurs logements seront vendus beaucoup plus cher encore. Des appartements de 5 pièces dans des zones comparables se vendent aujourd’hui au-delà de 2 millions!

Le coup de force du déclassement de Seymaz-Sud en zone ordinaire va aggraver la crise du logement et renforcer la spirale à la hausse des loyers et des prix de vente dans tout le canton.

• La deuxième manche se joue dans les urnes. Ce coup de force des milieux immobiliers a déjà causé la perte de 700 nouveaux logements au Grand-Saconnex (Corbillettes). Il faut empêcher qu’en plus Seymaz-Sud soit soumise à une spéculation effrénée.

Un référendum est lancé. Nous disposons d’à peine plus d’une dizaine de jours encore, jusqu’au 14 novembre, pour le faire aboutir. Ce n’est pas gagné! Il y a urgence à récolter les signatures 1>Formule référendaire à télécharger sur le site de l’Asloca: geneve.asloca.ch/ ou à commander par mail en mentionnant son adresse (christian.dandres@asloca.ch) ou en téléphonant à l’Asloca: 022 716 18 00..

Notes[+]

Christian Dandrès est conseiller national et juriste à l’Asloca.

Chronique liée